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Olivier Belin, "La poésie faite par tous : Une utopie en questions"

Posted By: TimMa
Olivier Belin, "La poésie faite par tous : Une utopie en questions"

Olivier Belin, "La poésie faite par tous : Une utopie en questions"
2022 | ISBN: 2874499722 | Français | EPUB | 440 pages | 0.6 MB

L'auteur analyse l'histoire, depuis la fin du XIXe siècle, et les possibilités esthétiques d'une utopie visant à faire de la poésie un lieu de communion et de partage capable de transformer le monde.

« La poésie doit être faite par tous », écrit en 1870 Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Un demi-siècle plus tard, les surréalistes érigent cette phrase en devise d’un « communisme du génie » dont ils se veulent les fers de lance. Depuis, des avant-gardes du xxe siècle aux pratiques numériques contemporaines en passant par la culture do it yourself, la formule n’a cessé de servir d’étendard à des entreprises littéraires, artistiques et politiques qui, malgré leurs divergences, se reconnaissent dans une visée fondamentale : faire de la poésie le lieu d’une communion, d’une communication et d’une communauté partagées. Ainsi émerge une utopie dont cet ouvrage entreprend l’histoire critique et explore les possibilités esthétiques : l’utopie d’une démocratie de la poésie, capable de changer la vie, de transformer le monde et de refonder la littérature.

La première partie analyse la manière dont la formule de Lautréamont a pu devenir, des années 1920 aux années 1970, un mot d’ordre âprement disputé par les avant-gardes. Surréalisme, communisme, situationnisme, Oulipo, Tel Quel, chacun de ces courants a en effet tenté de se réapproprier l’idée d’une poésie collective, désacralisée et démocratisée. Cette poésie collective, la seconde partie s’efforce d’en établir la poétique, en rassemblant des œuvres et des démarches ouvertes à la pluralité des discours ou à la participation des individus, comme l’automatisme surréaliste, le détournement situationniste, les contraintes partageables de l’Oulipo, les animations interactives de la poésie numérique, la scène de slam ou l’atelier d’écriture. La poésie faite par tous engage enfin un projet politique, puisqu’elle suppose d’élargir la communauté des poètes à l’ensemble du corps social. Dans cette perspective, la dernière partie examine comment certaines revues du xxe siècle ont accueilli des voix étrangères au champ littéraire, issues de différents milieux professionnels, de la jeunesse ou de la marginalité sociale, pour essayer non seulement de changer le visage de la poésie, mais de la penser comme un droit à la parole.

À l’horizon de cette communauté poétique se dessine ainsi la figure des naïfs, des amateurs, des poètes du dimanche – et plus largement toute une pratique ordinaire ou populaire de la poésie qui affecte les formes, les valeurs, les usages et les représentations du genre lui-même. En ce sens, la poésie « faite par tous » n’est pas seulement un rêve littéraire, mais une réalité sociale qui met à l’épreuve les utopies avant-gardistes tout comme l’autorité de la Littérature.