(Fr3) Des Racines et des Ailes : Au fil de la Garonne (2010)

A Toulouse, on l’appelle "Garonne". Un fleuve pas comme les autres, et pour cause : pas une, mais trois sources, au moins, dans les Pyrénées espagnoles, au cœur du Val d’Aran.

Pour Isaure Gratacos, paléontologue, pas d’hésitation : "C’est ce qui donne toute sa force au fleuve". Et sa personnalité multiple et complexe…
Cinquante petits kilomètres en Espagne, et la voilà qui commence son périple en France.

Elle s’écoule d’abord comme un torrent, jusqu’à Toulouse. Un jour asséchée, l’autre débordant.

Avec Philippe Delvit, historien, nous verrons le rôle que la Garonne a joué pour le transport des matériaux. "C’était le seul grand axe de communication entre l’Espagne et Toulouse pour charrier le bois du Val d’Aran ou le marbre de Saint Béat".

Toulouse, "ville rose" s’est surtout développée grâce au canal d’entre deux mers, permettant la jonction entre la Méditerranée et l’Atlantique. Mais elle conserve avec "Garonne" une relation très particulière.

A l’image de Carole Garcia, une chef d’entreprise qui s’accorde chaque semaine un tête à tête avec le fleuve… seule sur son skiff pour une séance d’aviron : "Toulouse est magnifique, vue du bateau. A chaque fois, je revisite l’histoire de ma ville !". Une histoire marquée par les colères de Garonne…

En 1875, le fleuve en crue détruit la presque totalité du quartier Saint Cyprien rive gauche. Plus de 200 morts. C’est l’épisode le plus dramatique. Mais la ville a connu beaucoup d’autres frayeurs : 1930, 1952, 1981 et plus récemment 2009…

Au Service de Prévisions des Crues, des spécialistes sont de permanence 24 heures sur 24. Hilaire Doumenc dirige l’équipe : "Dès qu’il pleut sur les Pyrénées, les premiers effets se font ressentir 20 heures plus tard à Toulouse. La Garonne est un fleuve de montagne qui réagit très vite !".

Dans la vallée, on est habitué à ses colères. A Couthures sur Garonne, près de Marmande, on s’y prépare même régulièrement et tout est prévu : les maisons possèdent souvent deux cuisines : une au rez-de-chaussée, l’autre à l’étage…

Mais les débordements de la Garonne entrainent d’autres effets, bénéfiques ceux-là. Depuis des siècles, chaque crue dépose des limons qui enrichissent le sol. L’ancien rugbyman du XV de France, Daniel Dubroca, est aujourd’hui arboriculteur. Il produit des pommes et des kiwis : "La célèbre tomate de Marmande n’aurait pas le même goût ailleurs et la vallée n’aurait pas cette productivité. C’est vraiment une terre d’une qualité exceptionnelle…".

Et voilà la Garonne ! Mère nourricière d’un côté, capricieuse et même meurtrière de l’autre. Après 575 kilomètres de méandres et de péripéties, elle termine son périple au sud de Bordeaux, où elle se jette dans l’estuaire de Gironde…