(Fr3) Des Racines et des Ailes : Le Louvre, du Palais des Rois au plus grand musée du monde (2011)

Le Louvre, le musée le plus fréquenté du monde, est riche d’une très longue histoire. Une histoire qui commence au XIIIème siècle, lorsque le roi Philippe-Auguste fait édifier une forteresse pour protéger Paris.

Nous partons à la découverte des vestiges médiévaux du premier château, mis au jour lors de fouilles dans les années 80. Cette forteresse, entourée de fossés, surmontée d’un haut donjon, fut le symbole de la puissance capétienne. Philippe-Auguste y conservait le trésor royal. Charles V, lui, l’a embellie et dotée de grands appartements et d’une remarquable bibliothèque. Nous poursuivons notre voyage à travers les époques et les styles avec le palais Renaissance. Dès le règne de François Ier, le Louvre devient la principale résidence des rois. La salle des Cariatides accueille alors des fêtes grandioses. Dans la Cour Carrée, l’aile Lescot est considérée comme la première façade Renaissance.

Jusqu’à la Révolution, le Louvre demeure un palais royal… Après 1789, il change de vocation et devient un palais dédié aux arts. De la Grande Galerie jusqu’à l’ancienne salle des Antiques, en passant par le Salon carré, nous vous raconterons la naissance du musée…

Nous pénétrons ensuite dans les appartements Napoléon III, réservés aux Ministres, jusqu’en 1989 : une visite privilégiée de la superbe salle à manger, où se déroulaient les réceptions officielles, et du grand salon dont le décor, très théâtral, a été conservé.

Et puis, l’histoire du Louvre est aussi marquée par la grande transformation opérée dans les années 80, avec notamment bien sûr la construction de la pyramide de verre, spectaculaire et controversée… Le monument, qui attire aujourd’hui une foule de visiteurs, est devenu un emblème de ce musée-palais, au même titre que la Joconde !

Au cœur du musée du Louvre, l’un des conservateurs Guillaume Fonkenell supervise le montage d’une arcade en pierre, issue de l’ancien palais des Tuileries, aujourd’hui disparu. Cette arcade se trouvait sur la façade du palais, bâti à la Renaissance… Elle orne désormais la Cour Marly. Cette délicate opération est l’occasion d’évoquer la construction du palais des Tuileries pour Catherine de Médicis : un édifice orné d’innombrables détails sculptés, particulièrement raffinés.

A cette époque, le château des Tuileries est totalement dissocié du palais du Louvre. Les rois et les empereurs y séjournent et reçoivent leurs hôtes de marque. C’est notamment le cas de Napoléon Ier. Quelques éléments de la salle du Trône, spécialement édifiée pour l’empereur, sont en partie préservés au musée. Le palais des Tuileries résistera à la Révolution française, mais pas à la Commune de Paris : un terrible incendie le ravagea en 1871. Grâce à des images de synthèse spécialement réalisées pour l’occasion, nous ferons revivre ce palais qui fut l’un des plus beaux d’Europe !

Les Tuileries, c’est aussi un prestigieux jardin ! Pierre Bonnaure, jardinier en chef, veille sur les parterres de fleurs, les plantes et les arbres de ce jardin situé à proximité du Louvre, de la Seine et de la place de la Concorde. Il retrace pour nous l’histoire de ce lieu, héritage du jardin créé par Le Nôtre, sous le règne de Louis XIV. Il fut le premier « jardin à la française » conçu par l’illustre architecte-paysagiste. C’est ici que Le Nôtre mit au point la grande perspective de l’allée centrale, mais aussi les recoins secrets, les dessins de fleurs, les jeux d’eau et d’optique que l’on retrouvera un peu plus tard à Versailles…

Un grand événement se prépare au Louvre avec la prochaine ouverture du huitième département du Musée, celui des Arts de l’Islam. Depuis la fermeture des anciennes salles consacrées aux arts de l’Islam en 2007, les conservateurs, les restaurateurs et les architectes s’activent en prévision de ce grand jour. Nous avons suivi les préparatifs en coulisses.

Il s’agit du plus grand chantier du musée depuis la construction de la Pyramide : un magnifique bâtiment de verre et de métal conçu par les architectes Mario Bellini et Rudy Riciotti. Pour Laurent Ricard, le chef de projet, un chantier d’une telle ampleur, juste à côté de la Joconde et des milliers de visiteurs quotidiens, est un sacré défi !

Les anciennes salles du département ont été transformées en réserves, où sommeillent depuis quatre ans les chefs-d’œuvre de la collection. La conservatrice, Sophie Makariou, a choisi de nous montrer certaines des plus belles pièces : le Baptistère de Saint Louis et la Pyxide Al Mughira, les deux "Joconde" du département !

Elle nous conduira ensuite dans un atelier à quelques kilomètres de Paris, où est minutieusement remontée une œuvre monumentale restée dans des caisses depuis plus de cent ans. Il s’agit d’un porche mamelouk du XIVème siècle. Cet impressionnant puzzle de pierre trouvera une place de choix dans les futures salles du département des Arts de l’Islam…

Nous suivrons enfin la conservatrice dans l’une de ses activités les plus secrètes : enrichir les collections ! Sophie Makariou rêve d’acquérir pour le futur département des Arts de l’Islam un somptueux tapis iranien… Un précieux trésor qui viendra finalement rejoindre le musée !

Avec ses 9999 pièces, ses 72 hectares et ses 12 millions de visiteurs annuels, la Cité Interdite est une ville dans la ville ! Pendant plus de cinq siècles, c’est ici que ce sont concentrés les pouvoirs de l’homme le plus puissant d’Asie : l’empereur de Chine. Palais impérial devenu musée national, la Cité Interdite est donc un peu "l’Autre Louvre".

Une grande exposition va d’ailleurs se tenir à Paris, afin de mettre en parallèle les deux palais, les deux puissances qui, à plus de 8000 kilomètres de distance, se sont observées, influencées et même copiées !

Le commissaire de l’exposition, Jean-Paul Desroches, est à Pékin pour repérer les pièces qui seront présentées en France, et notamment les splendides porcelaines bleues et blanches qui subjuguèrent l’Occident. Ces joyaux conquirent la France dès le XVIème siècle. François 1er en était collectionneur : jamais on n’avait vu de telles merveilles de finesse. Mais avant de percer le secret des Chinois, les Français vont copier les porcelaines chinoises ! Dans l’enceinte du palais du Louvre, le Musée des Arts Décoratifs possède des céramiques très particulières : les tentatives de copie des artistes français !

Jean-Paul Desroches nous fait aussi découvrir un incroyable rouleau de papier de 22 mètres de long représentant le voyage de l’empereur en Chine du Sud. Une véritable bande dessinée, émouvante et superbe. Les Occidentaux restèrent bouche bée devant cette pièce si délicate. Ces rouleaux donnèrent naissance à une mode en France : celle du papier peint !

Autre découverte : la laque, un matériau, issu de la sève d’un arbre, que les Chinois travaillent depuis plus de 3000 ans… Au Louvre seront exposées les commodes Louis XV dans lesquelles des scènes de paravents chinois en laque ont été incrustées, mélange d’Extrême Orient et d’Occident.

Mais les artistes français influencèrent aussi leurs homologues chinois. Dans les cales de l’Amphitrite, affrété par Louis XIV, se trouvaient des miroirs et des horloges. Les Chinois furent subjugués par ces mécaniques inconnues que l’empereur se mit à collectionner…

Ces relations artistiques vont pourtant tourner court… En pleine guerre de l’opium, les soldats français saccagent le Palais d’Eté et offrent leur butin à l’impératrice Eugénie… Au Louvre, les robes des impératrices Cinxi et Eugénie seront exposées côte à côte. Malgré les événements politiques, les deux dernières impératrices de l’histoire de Chine et de France nous rappellent donc que les deux nations n’ont cessé de se rencontrer…