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Adieu Philippine - Jacques Rozier (1961)

Posted By: wolfy13
Adieu Philippine - Jacques Rozier (1961)

Adieu Philippine - Jacques Rozier (1961)
DVDRIP | 106 min | MKV-x264 720x432 | 25 fps | Ogg Vorbis 192 kb/s | 1,39 GB
Language: French | Subtitles: English optional srt file | Genre: Drama - Romance - 60's New Wave

Almost 50 years later, it remains a beautiful movie, an enchantment!


Director: Jacques Rozier
Writers: Michèle O'Glor, Jacques Rozier
France - 1961 - B&W
Cast: Jean-Claude Aimini, Stefania Sabatini, Yveline Céry, Vittorio Caprioli, Daniel Descamps

Michel is a young technician in the fledgling TV industry and is due for military service in two months at the time of the Algerian War. Juliette and Liliane are inseparable best friends, and aspiring actresses, who hang around outside the TV studio. Michel invites them in to watch, flirts with them both, and dates them separately and together. When Michel goes on a holiday to Corsica, just before he is drafted, the girls follow.
The most agreeable, and surely one of the loveliest, of all New Wave movies, "Adieu Philippine" was not a commercial success, but when it came out, Eric Rohmer and Jacques Rivette classified it a masterpiece.
Inevitably "Adieu Philippine" deals with an end to innocence, or the encroachment of time, or whatever happens in a young person's life to signify the frailty of wishes against the demands of necessity. Both the girls fall in love—just as Michel is called up. He is left with nothing of love but a long, overwhelming, harborside farewell. For the movie, which is awkward in its greetings, is magnificent in its good-byes — and, given its rich romanticism, that may be the best clue to its meaning,
Typically, the most beautiful moments in "Adieu Philippine" are not its events but its interludes. The two girls walking along a succession of Paris streets, tracked at eye level by the camera, and virtually orchestrated with the rhythm of a tango on the sound track. One of the girls, on the evening of Michel's departure, dancing by herself for a while in a perfect evocation of the seriousness of desire. Or the departure itself, set to music, like so much of the movie, Michel on the boat to Marseilles, the girls ashore; in a breathtaking passage that by the simplest means creates a deep and subtle visual correlative for what it means to take one's leave.
In a sense, Rozier's is a cinema of privileged moments — moments that, account for its success and generate its poignancy.

Paris, 1960. Michel doit bientôt partir en Algérie pour faire son service. En attendant, il travaille comme machiniste à la télévision, ce qui lui permet de faire croire aux filles qu'il est une vedette. C'est ainsi qu'il séduit Juliette et Liliane, deux amies inséparables "comme les amandes philippines". Les jeunes femmes, qui aimeraient le voir échapper au service militaire, essayent de l'aider à percer dans le cinéma, sans pour autant savoir qui sera l'élue de son coeur. Elles lui présentent Pachala, un producteur bidon, qui fera tourner aux trois jeunes gens, sans d'ailleurs pouvoir le terminer, un film publicitaire grotesque. Puis elles tenteront en vain d'obtenir un sursis d'incorporation au jeune homme qui, désireux de profiter de ses derniers jours de liberté avant son départ pour l'Algérie, se fait mettre à la porte de la télé et part en vacances en Corse. Liliane, Juliette et Pachala l'y rejoignent bientôt pour "réaliser" un roman photo. Les jours passent sans que les deux filles puissent vraiment savoir laquelle Michel aimera. Et ce dernier n'a encore rien révélé de ses sentiments lorsque lui parvient la feuille de route qui, pour de longs mois, lui tiendra lieu de destin.


Le Rozier et les épines
En 1960, après le succès triomphal "d'A bout de souffle", le producteur Georges de Beauregard est à la recherche d'autres jeunes cinéastes prometteurs. Jean-Luc Godard lui suggère les noms de Jacques Demy, Agnès Varda et Jacques Rozier, trois metteurs en scène en herbe, dont il a pu découvrir les courts métrages au Festival de Tours 1958 (celui de Rozier étant "Blue jeans"). Le premier se lance alors dans le tournage de Lola, la deuxième (qui a déjà signé "La Pointe courte") dans celui de "Cléo de 5 à 7", deux films qui sortent dès l'année 1961. S'il tourne "Adieu Philippine" au cours de l'été 1960, Rozier devra, lui, attendre trois ans avant que son film trouve le chemin des salles de cinéma, en raison notamment d'un long travail de post-synchronisation (le cinéaste doit lire sur les lèvres des comédiens pour retrouver les dialogues, parfois improvisés). De plus, les relations entre Beauregard et le cinéaste sont houleuses : à la fin d'une projection, le producteur, sous les conseils de Jean-Pierre Melville, demande au réalisateur de procéder à des coupes afin de réduire la durée du film. Rozier achèvera finalement la production du film avec l'Italien Carlo Ponti et "Adieu Philippine" sortira en salles le 25 septembre 1963, sans parvenir à rencontrer le public. La société de Jean-Luc Godard détiendra alors les droits du négatif, avant que celui-ci ne les cède au cinéaste en 1979, pour un franc symbolique.

Les intentions du cinéaste
Dans l'ouvrage (coordonné par Emmanuel Burdeau), qui lui est consacré en 2001, Jacques Rozier évoque la genèse du projet : "Ce qui me frappait, c'était la ligne de séparation existant alors entre ceux qui avaient vingt ans, concernés par la guerre, et le reste de la population française qui semblait ne pas trop d'en soucier. A ce décalage s'ajoutait, vers 58, l'apparition des premiers "bienfaits" de la société de consommation. Mais pour mon histoire de conscrit, j'avais très peu de documentation sur ce que représentait l'arrivée dans une caserne. Je me suis dit en plus qu'il n'y avait aucune chance d'obtenir l'autorisation d'y filmer. Donc lorsque je rencontre Georges de Beauregard, en mars-avril 60, je songe à faire plutôt une comédie frivole, avec un titre provisoire de comédie américaine légère, "Embrassez-nous ce soir". L'histoire d'un garçon avec deux filles : il sort avec l'une, avec l'autre, à la fin elles restent toutes les deux, seules. J'ai soudain réalisé, en me demandant où pourrait partir ce garçon, qu'il pouvait fort bien être appelé sous les drapeaux, et croiser ainsi les deux idées, le film léger et le scénario plus grave."

Présenté à la Semaine de la Critique
"Adieu Philippine" a été présenté en 1962 au Festival de Cannes, dans le cadre de la toute première édition de la Semaine de la Critique, la plus ancienne section parallèle de la manifestation.

Ennuis en cascade
Dans un entretien accordé aux Inrockuptibles en 1996, Jacques Rozier évoquait les difficultés rencontrées à la suite de la projection du film sur la Croisette : "Ça a été un peu le coup de tonnerre. Des exploitants m'ont demandé le film et, manque de pot, le type à qui j'avais fait racheter les droits avait disparu ! C'était un type d'Algérie, membre de l'OAS, qui se planquait ! Moi qui avais fait un film sur la guerre d'Algérie, je ne pouvais pas le distribuer à cause d'un mec de l'OAS ! Après, le film a fini par sortir avec un distributeur qui ressemblait à Pachala, le personnage de producteur un peu misérable joué par Vittorio Caprioli. Quand je revois la scène où il est chez lui, avec sa femme, en train de gémir la tête dans les factures, au milieu de boites de pellicule, je me dis que c'était un plan prémonitoire : je me retrouvais dans la même situation !"

Guère d'Algérie
Si le spectateur sait rapidement que Michel, le héros de "Adieu Philippine", doit partir pour son service militaire (le scénario original, écrit par Michèle O'Glor, avait d'ailleurs pour titre, Les Dernières semaines), le mot "Algérie" n'est pas prononcé une seule fois dans le film. La guerre qui y fait rage est alors un sujet tabou. Cependant, à l'occasion de la reprise du film, à la fin des années 70, Jacques Rozier décide d'ajouter, avant le générique, un carton sur lequel est indiqué "1960, sixième année de la guerre d'Algérie".

Un film-phare de la Nouvelle Vague
En 1962, les Cahiers du Cinéma, revue dans laquelle écrivent encore les Jeunes "Turcs" Rohmer, Godard ou Truffaut, choisissent de mettre en couverture de leur numéro spécial "Nouvelle vague" une photographie de Adieu Philippine. A l'intérieur, la revue propose un "dictionnaire des 162 nouveaux cinéastes français". Dans la notice, consacrée à Rozier, on peut lire, à propos de son premier long métrage : "Ce film est le parangon de la Nouvelle vague, celui où les vertus du jeunes cinéma brillent de leur éclat le plus pur, où ses méthodes reçoivent la plus claire et plus convaincante démonstration de leur bien-fondé, qu'il s'agisse du tournage à la sauvette, du choix de nouveaux visages, des emprunts au style TV, de la désinvolture du récit, du thème, enfin, de la jeunesse. Les autres fondateurs de la N.V. ont vite détourné son esprit à leur avantage, et leurs oeuvres plaident plus en faveur de leur génie propre que de celui de l'Ecole. Chez Rozier, c'est inverse, cela dit en bonne comme en mauvaise part. "Adieu Philippine" met un point final à la querelle des Anciens et des modernes ; il entérine la défaite du réalisme classique, dont le néo-réalisme italien d'après-guerre et ses actuels prolongements ne sont que les fils respectueux. Après ce film, tous les autres paraissent faux, et l'on conçoit mal que la recherche du naturel puisse être poussée plus loin."

Le casting
Refusant de travailler avec des acteurs professionnels, Jacques Rozier a trouvé les comédiens principaux du film dans la rue. Notons que Juliette est interprétée par une jeune Italienne, Stefania Sabatini, repérée par le réalisateur sur une photographie dans les bureaux du producteur Carlo Ponti. Le film étant postsynchronisé, l'actrice est doublé par une Française, Annie Markhan, chanteuse d'un groupe yé-yé, les Gam's, devenue ensuite l'attachée de presse de Sheila.

A nous les studios
Après un passage par l'IDHEC, Jacques Rozier travailla comme assistant de plateau dans les studios de télévison des Buttes-Chaumont. C'est ainsi qu'il fit connaissance avec l'un des plus fameux réalisateurs de dramatiques pour le petit écran, Stellio Lorenzi. Celui-ci donnera au cinéaste l'autorisation de filmer la préparation d'un de ses films pour une séquence d'Adieu Philippine, dont le héros, Michel, exerce le métier de machiniste. On assiste donc aux répétitions de "Montserrat", avec des comédiens tels que Jean-Claude Brialy, Michel Piccoli ou Robert Hirsch, Lorenzi apparaissant lui aussi dans son propre rôle. Dans la première scène d'Adieu Philippine, c'est au tournage d'une autre émission que nous convie Rozier : "Jazz memories" de Jean-Christophe Averty.

L'oeil du Mathelin
"Adieu Philippine" marque les débuts de René Mathelin, un chef-opérateur qu'on retrouvera au générique de plusieurs grands succès du cinéma français, notamment les comédies d'Yves Robert : ("Alexandre le Bienheureux", "Le Grand Blond avec une chaussure noire", "Un éléphant, ça trompe énormément" et "Nous irons tous au paradis") et "Max et les Ferrailleurs" de Claude Sautet.

Dates et lieux de tournage
"Adieu Philippine" a été tourné à Paris du 15 septembre au 8 octobre 1960, et en Corse (où Michel part passer ses dernières vacances) du 7 août au 4 septembre 1960.

L'homme qui aimait Rozier
En 1962, Jacques Rozier tourne un film-annonce de "Adieu Philippine", d'une durée de 8 minutes. On peut notamment y voir François Truffaut interviewer, sur la Croisette, les jeunes actrices du film. Dans son fameux ouvrage Les Films de ma vie (publié en 1975), le réalisateur des 400 coups écrira un texte très élogieux sur le film.

Le grand film du début de la Vème république
- "Alors Dédé, qu'est-ce que tu as à nous raconter ?" - "Oh rien, rien … rien."
Le film est tourné en août 1960, deux ans avant la proclamation de l'indépendance de l'Algérie. Il fait preuve d'un courage politique sur la guerre d'Algérie que, dans le système de production classique, seul trouveront également Jean-Luc Godard avec "Le petit Soldat" puis, plus tard, Alain Resnais avec "Muriel".
C'est d'abord le carton introductif "1960, sixième année de guerre en Algérie" qui pose frontalement la question de l'avenir de Michel, deux mois avant son départ pour le régiment. Possible même que l'insert sur le film "Montserrat" évoque la torture en Algérie.
C'est ensuite et plus sûrement la rencontre avec Dédé au café, juste après la virée dans la voiture que les quatre copains de la télé vont acheter en commun. Michel ne semble pas conscient de ce qui se passe en Algérie pour les appelés : "Ça y est t'es revenu, c'est fini. T'as bonne mine, t'es bronzé." Ce à quoi Dédé répondra sobrement "Oh, dit, charries pas ! Ça me fait tout drôle de vous voir. Je suis drôlement content, 27 mois et demi !".
Ami de la famille, Dédé est convié par Michel au repas dominical avec des amis de ses parents. Le père, après des considérations de toutes sortes sur la politique, les programmes télé (mauvais déjà !), l'exploration spatiale et la croissance démographique chinoise, interroge : "Alors Dédé, qu'est-ce que tu as à nous raconter ?" "Oh rien, rien … rien" dit-il en baissant la tête vers son assiette laissant les sujets les plus futiles reprendre place dans la conversation
Le départ de Calvi est une métaphore du départ pour l'Algérie. La censure interdisait alors de montrer un bateau d'appelés partant pour l'Algérie. Rozier avait prévu d'utiliser pour la fin du film le thème musical "U lio di roccapina", chant ancien du sud de la Corse évoquant le départ au régiment. Coup du hasard, lors du tournage du départ du Cyrnos à Calvi, la Compagnie Générale Transatlantique diffuse ce thème que Rozier demandera à faire passer en boucle jusqu'au départ du bateau. Le film est tourné en muet, le son enregistré en "son sol" devra être re-synchronisé au montage puis repris de façon orchestrale lorsque le Cyrnos s'en va et prend son cap vers le large.
Mais, pour Rozier quand les deux filles courent, ça ne fonctionne plus : le tempo visuel des deux filles qui courent ne correspond plus au tempo de la musique. Sur les suggestions d'une chanteuse corse présente au montage et engagée pour la chanson "il monta la fronta", il utilise un couplet de celle-ci, chanté en mineur et en récitatif.
Ainsi, malgré le tonus accumulé durant le film, la fin est bien tragique. Michel a donné rendez-vous à celle des jeunes filles qui sera capable de l'attendre mais c'est bien par un adieu aux inséparables copines que se termine le film. Adieu sous le soleil d'autant plus tragique que Rozier a montré l'inconscience dans laquelle le pouvoir entretient la jeunesse au sujet de la guerre d'Algérie.

Le film emblématique de la nouvelle vague.
Présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1962, le film y reçoit un accueil critique enthousiaste. Godard décrète que "Quiconque n'aura pas vu Yveline Céry danser un cha-cha-cha les yeux dans la caméra ne pourra plus se permettre de parler cinéma sur la Croisette".
Truffaut interviewe les interprètes du film devant le Palais du festival sur les conditions de leur engagement. Ce court extrait filmé sera intégré ensuite pour la bande annonce du film.
Eric Rohmer, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, choisit alors une photo "d'Adieu philippine" comme couverture d'un numéro spécial sur la Nouvelle Vague.
Cette chronique au jour le jour d'un jeune homme, Michel, porteur de câbles à la télé, qui drague deux copines, la description de leurs atermoiements sentimentaux, leur recherche d'un travail prestigieux (dans le cinéma, évidemment), les scènes saisies sur le vif, entre filles, entre garçons, en famille, leur départ à trois en vacances en toute immoralité avant que Michel ne rejoigne son régiment, ne font pas une "histoire" au sens classique du terme. Ils font une rivière dansante de moments, de regards de gestes de mots. Malgré la difficulté de vivre, sur laquelle Rozier ne jette aucun voile, passe une vitalité joyeuse, une santé rieuse et tendre, émaillés d'éclats de pure loufoquerie.
Comme dans "Les 400 coups" de Truffaut, "Hiroshima mon amour" de Resnais, "A bout de souffle" de Godard, "Le signe du Lion" de Rohmer, "Ascenseur pour l'échafaud" de Malle, "Cléo de 5 à 7" de Varda, "La jetée" de Marker, "Lola" de Demy, "Paris nous appartient" de Rivette, "Adieu Philippine" montre des gens qui marchent qui voyagent et qui partent. Pas parce que l'endroit où vont les gens est important pour l'intrigue, et pas non plus comme séquence de transition. Le plus souvent dans les rues de Paris, ils marchent parce qu'on marche dans la vie, ils marchent parce que le cinéma est un cinéma en mouvement, ils marchent parce que le réalisateur éprouve un tel bonheur de filmer que cette activité devient le signal de l'élan que ces films impriment au cinéma. Avec ces personnages en vadrouille, c'est le monde qui s'engouffre dans le cinéma et sur la bande-son, où bruits du quotidien, voix, in ou off, conversations surprises ou rajoutées, informations de la radio, musiques "de film" ou pas, contribuent moins à "l'enregistrement du réel" qu'au dévoilement d'un monde multiple.


Adieu Philippine - Jacques Rozier (1961)

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