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Dany-Robert Dufour, "Le délire occidental: et ses effets actuels dans la vie quotidienne : travail, loisirs, amour"

Posted By: TimMa
Dany-Robert Dufour, "Le délire occidental: et ses effets actuels dans la vie quotidienne : travail, loisirs, amour"

Dany-Robert Dufour, "Le délire occidental: et ses effets actuels dans la vie quotidienne : travail, loisirs, amour"
Liens qui libèrent | 2014 | ISBN: 1020901477 | French | EPUB/PDF | 312/241 pages | 0.7/2.1 Mb

Et si la raison occidentale était devenue délirante ? Si tel était le cas, alors il faudrait entreprendre séance tenante une «psychanalyse» de ce délire occidental.

Dany-Robert Dufour s'en donne les moyens. Il part de ce que Descartes proposait dans Le discours de la méthode, fondement de la raison moderne : que les hommes «se rendent comme maîtres et possesseurs de la nature». Un tournant dans l'aventure humaine qui a entraîné le développement progressif du machinisme et du productivisme, jusqu'à l'inflation technologique actuelle affirmée comme valeur suprême.
Si ce délire occidental fait aujourd'hui problème, c'est qu'il a gagné le monde (la mondialisation néolibérale qui exploite tout, hommes et environnement, à outrance) et qu'il est appelé, comme tout délire, à se fracasser contre le réel. D'une part, parce que la toute-puissance et l'illimitation des prétentions humaines qu'il contient ne peuvent que rencontrer l'obstacle : notre terre réagit déjà vigoureusement aux différents saccages en cours. D'autre part, parce que ce délire altère considérablement les trois sphères fondamentales de la vie humaine que sont le travail, le loisir et l'amour en les vidant de tout sens - ce que l'auteur examine avec soin.

Mais tout n'est pas perdu : c'est à une nouvelle raison délivrée de ce délire que Dany-Robert Dufour en appelle pour une refondation de la civilisation occidentale, dont il esquisse les possibles contours.
1.
Pourquoi sommes-nous si désenchantés ? Quelle catastrophe a bien pu atteindre une civilisation aussi conquérante et sûre d'elle-même que celle de l'Europe pour que l'horizon paraisse soudainement, à la plupart, aussi bouché ? Comment analyser ce mélange de mélancolie générationnelle, d'impuissance politique, de misère due aux petits boulots, aux jobs décérébrants ou au chômage chronique qui frappe une bonne partie de la population - pas seulement les jeunes adultes - et qui s'exprime sous les couleurs du désarroi ironique, de l'aquoibonisme, voire même d'une amertume qui fait craindre le retour d'heures très sombres ? Telle est la question à laquelle j'essaierai de répondre dans ce livre. Je le ferai en philosophe, c'est-à-dire en tentant de prendre la hauteur nécessaire pour ne pas risquer de m'égarer en trivialités et pour viser au coeur de la question : elle porte sur les origines et le destin de la civilisation occidentale - en un mot, son programme.

2.
Ce n'est certes pas la première fois que l'Europe est saisie de frissons. Le XXe siècle, pour s'en tenir à l'époque récente, a connu son lot de cauchemars. Le temps des régimes totalitaires n'est pas si loin. Celui des fascismes bruns avec l'acmé du nazisme, lors duquel on vit une partie de l'humanité entreprendre d'en détruire une autre en employant les moyens de la grande industrie. Celui des totalitarismes rouges, avec l'apogée du stalinisme lors duquel on vit le parti qui devait libérer le peuple enfermer la société civile dans une vaste prison avec sa police politique omniprésente, ses immenses procès truqués, ses purges massives, ses internements psychiatriques, ses oubliettes sibériennes, ses mitards et ses salles de torture, si ce n'est d'exécutions sommaires - cela au nom, bien sûr, des multiples bonheurs à venir.
De cela, nous sommes heureusement sortis au prix d'innombrables sacrifices humains. N'oublions jamais ces héros modernes - les résistants, les dissidents - qui permirent d'envisager que viennent enfin des «jours heureux» - c'était là le titre du programme du Conseil national de la Résistance, adopté dans la clandestinité (par des mouvements aux sensibilités très diverses) le 15 mars 1944, mis en oeuvre dès la Libération. Le choix d'un tel titre n'est pas le fruit du hasard tant il évoque ce que Aristote appelait la «vie bonne» {Politique, I) - ce qui n'est pas étonnant quand on sait le rôle des intellectuels dans la Résistance, celui, par exemple, du futur grand helléniste Jean-Pierre Vernant qui, à la tête des FFI, sous le nom de colonel Berthier, libéra Toulouse de l'occupation nazie. La «vie bonne» suppose le cadre d'une cité juste permettant aux individus de réaliser toutes leurs virtualités. L'Europe occidentale, sortie plus tôt du cauchemar que celle de l'Est, connut alors ce qu'on appelle les Trente Glorieuses pendant lesquelles progressèrent le niveau de vie, la protection sociale (éducation, santé, justice) et les aspirations à une culture libre largement partagée. A mettre également au crédit de cette époque, la décolonisation - encore que certains peuples durent payer leur liberté au prix de leur sang. L'Europe orientale, en manque de ces progrès politiques, économiques et sociaux et elle-même colonisée par le «grand frère» soviétique, se prit à espérer tant et si bien que ses peuples réussirent finalement à faire tomber le mur de la honte dans lequel leurs maîtres s'étaient eux-mêmes enfermés.(…)


Le monde contemporain et désenchanté a besoin de dynamiteurs. Obstiné, Dany-Robert Dufour est de ceux-là, qui lance depuis longtemps des alertes…
Pourtant, tout est parti de la bonne intention, au XVIIe siècle, du philosophe-démolisseur René Descartes, reprise ensuite par Francis Bacon, d'une «exploitation totale et méthodique» de la nature afin de nous en rendre «maîtres et possesseurs». Mais ce «programme commun» a abouti à une folie qui nous laisse aliénés au travail mais sans oeuvre, ou bien chômeurs, distraits mais sans loisir, sexuels mais sans amour…
La démonstration du dévoiement, commencé tôt dans le monde grec, des valeurs qui inspirent ces trois domaines (travail, loisir, amour) est imparable. Dany-Robert Dufour, quant à lui, expose l'ambivalence, dont nous ne sommes jamais sortis, de la philosophie à l'égard du travail, ce «refoulé du logos». Elle le dégrade ou le valorise…
Dans ce récit foisonnant, l'auteur insiste sur la «clairvoyance tragique» de Günther Anders (élève de Heidegger et époux d'Arendt), qui décrypta, en son temps, les révolutions industrielles et la place des machines ; elles «ont en quelque sorte pris le pouvoir - ce qui entraîne une obsolescence de l'homme […] sa transformation radicale selon les normes de la technique». (Philippe Lefait - Le Magazine Littéraire, décembre 2014)


Dany-Robert Dufour est professeur des universités (en philosophie de l'éducation à Paris 8). Il a été détaché au CNRS, directeur de programme au Collège International de Philosophie et résident à l'Institut d'Études Avancées de Nantes. Il a écrit de nombreux livres, parmi lesquels une anthropologie du libéralisme en plusieurs volumes : Le divin Marché (folio essai), La Cité Perverse (folio essai) et L'individu qui vient… après le libéralisme (Denoël).


Dany-Robert Dufour, "Le délire occidental: et ses effets actuels dans la vie quotidienne : travail, loisirs, amour"
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