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Michel Bouquet, "Professeur au conservatoire : Anthologie 1986-1987"

Posted By: TimMa
Michel Bouquet, "Professeur au conservatoire : Anthologie 1986-1987"

Michel Bouquet, "Professeur au conservatoire : Anthologie 1986-1987"
Label: Fremeaux&Associes | 2006 | French | MP3 320 Kbps | Lenght: 01:17:19 | 129 Mb

Extraits de cours au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique avec pour professeur Michel Bouquet. Fragments de la première et dernière classe de l'année 1986-1987 ainsi qu'un condensé de 4 mois de cours de l'année 1987 de janvier à avril, enregistrés avec un magnétophone par Georges Werler et remastérisés en 2006 par Frémeaux.
Malgré l'apport des meilleures technologies numériques à la masterisation de ce document historique réalisé comme simple témoignage des séances de travail au Conservatoire, la qualité de cet enregistrement est inégale.

Distinctions :
GRAND PRIX IN HONOREM DE L'ACADEMIE CHARLES CROS 2006 / RECOMMANDÉ PAR LE NOUVEL OBSERVATEUR / RECOMMANDÉ PAR TELERAMA / RECOMMANDÉ PAR L'AVANT-SCENE

La genèse du disque par Georges Werler

«En partant du principe qu'il y a plus d'intelligence dans deux têtes que dans une j'ai demandé à Georges de faire classe avec moi.»
C'est par ces mots que Michel Bouquet m' a présenté au groupe de jeunes comédiens qui avaient choisi d'être ses élèves pendant une année au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique.
Nous venions de réaliser «le Neveu de Rameau» pour le Théâtre de l'Atelier et Michel un soir m'a dit : demain Jean-Pierre Miquel -Directeur du Conservatoire de 1983 à 1992- vient voir le spectacle, ensuite nous souperons avec lui. Je vais lui demander qu'il nous accorde de continuer ensemble notre travail au Conservatoire, ce pourrait être une expérience et un apport exceptionnels pour les élèves. Jean-Pierre Miquel qui était un homme d'une extrême élégance et un directeur d'une grande finesse avait senti la complicité qui s'était installée entre le Comédien et le Metteur en scène, entre Michel et moi. Dubitatif, il accepta pourtant l'expérience. Elle dura cinq années, cinq années magnifiques.Michel parlait avec délectation de l'éthique de l'acteur, de sa philosophie, du jeu, de la construction du personnage, du respect que l'on doit à l'auteur, de la lecture et moi, tout naturellement je guidais les élèves dans leur travail scénique puisqu'il y avait deux fois l'an des présentations de travaux. Nous avions choisi de dialoguer devant les élèves sur les pièces, les rôles et l'interprétation sans jamais nous contraindre, nous masquer l'un par rapport à l'autre. Cette franchise donnait à la classe un parfum particulier d'excitation et de liberté.
Michel avait des moments inspirés et c'est après une de ces séances éblouissantes que j'ai décidé de poser sur notre table un petit magnétophone pour conserver ces moments privilégiés. Une centaine d'heures ont été ainsi enregistrées. Mon projet fut d'abord d'en faire un livre mais très vite j'en fus insatisfait car quelque chose d'essentiel se perdait, c'est à dire la voix, la chaleur de la voix si belle aux inflexions si particulières et si convaincantes. Puis Michel a repris son activité de grand comédien de plus en plus sollicité, il abandonna la pédagogie par manque de temps et me laissa sa classe comme un cadeau de confiance extraordinaire et précieux. Sous l'impulsion de Jacques Rosner, Michel a consacré dix ans de sa vie à l'enseignement.
Les cassettes ont dormi dans un tiroir, rangées, datées, numérotées jusqu'au jour où parlant de ces enregistrements à Jean-Pierre Prévost, directeur du Théâtre de Cachan, intrigué et curieux il me demanda de lui confier une bande. Le lendemain, très impressionné il me proposa que nous fassions ensemble un travail d'écoute, de coupures, de nettoyage avec peut-être, plus tard le projet d'en faire un disque. Il nous a paru possible malgré les défaillances et la qualité d'un son qui n'a pas la pureté dont on a aujourd'hui l'exigence mais qui donne un élan, une vérité, et une beauté qui forcent l'adhésion, il nous a paru possible de réaliser ce rêve. Nous nous sommes mis au travail et tous les lundi matin depuis trois ans nous nous retrouvons devant la table de montage stimulés par les paroles et la voix de Michel.
Nous avons dû faire des sacrifices dans les choix, nous avons essayé de préserver une logique et une cohérence en conservant les grands thèmes chers à Michel Bouquet. Nous avons privilégié les moments où Michel quasiment en monologue apportait une parole si puissante qu'il eût été sacrilège de l'interrompre. Nous proposons ici des fragments de la «première» et de la «dernière» classe de l'année ainsi qu'un condensé de quatre mois de cours de l'année 1987 de janvier à avril, dans lequel nous avons réuni et rapproché des paroles qui bien qu'ayant été prononcées à des semaines d'intervalles nous ont paru être dans le droit fil d'une même pensée et demandaient de faire fi de la chronologie.
Le plus important après bientôt vingt ans était de sauvegarder ces enregistrements -témoignage exceptionnel- pour les offrir à ses anciens élèves, bien sûr, mais aussi à tous ceux qui viendront se frotter à ce métier si difficile, si beau et si mal connu qu'est le métier d'acteur. Et puis aussi à tous ceux qui amoureux du théâtre et admirateurs de Michel Bouquet seront curieux de savoir ce qu'est l'enseignement du Théâtre quand il est prodigué par un des plus grands interprètes de l'Art de la Scène.
Aujourd'hui nous arrivons au terme de la première étape.
J'ai envoyé une copie de notre projet à Patrick Frémeaux. Quatre jours après, chaleureux il m'appelait pour me proposer un rendez-vous. On ne pouvait rêver meilleur dépositaire. Georges Werler, mars 2006.
Piste
1 Ce qui est tres important pour un acteur Bouquet Michel Bouquet Michel 00:13:14 1986
2 C est une vie epouvantable une vie d acteur Bouquet Michel Bouquet Michel 00:03:41 1987
3 Le jour ou tu verras le vrai don cesar de bazan Bouquet Michel Bouquet Michel 00:04:26 1987
4 Quand une chose a fait son effet il est fait pour Bouquet Michel Bouquet Michel 00:02:49 1987
5 Par quel artifice l acteur a t il rendu la scene e Bouquet Michel Bouquet Michel 00:03:24 1987
6 L acteur est toujours bon le probleme c est d etre Bouquet Michel Bouquet Michel 00:07:22 1987
7 C est le travail sur les mecanismes de la scene Bouquet Michel Bouquet Michel 00:13:56 1987
8 Le mecanisme des scenes chez racine Bouquet Michel Bouquet Michel 00:07:06 1987
9 C est vrai que les acteurs ne savent pas au depart Bouquet Michel Bouquet Michel 00:11:43 1987
10 Moi je n ai jamais eu le sentiment que j etais Bouquet Michel Bouquet Michel 00:09:32 2005


- "Paroles d'un maître" par Le Figaro
"Théâtre. Des enregistrements des leçons données par Michel Bouquet dans le cadre de sa classe au conservatoire national supérieur d'art dramatique ont été réalisés par Georges Werler il y a vingt ans et sortent en CD chez Frémeaux & Associés. Paroles d'un maître." Le Figaro 29 août 2006
- "Cours de Michel Bouquet" par Télérama
"Les meilleurs maîtres - tel Michel Bouquet - à leurs élèves-comédiens. Ecouter aux éditions Frémeaux & Associés le CD Michel Bouquet, Professeur au conservatoire." Fabienne PASCAUD - TELERAMA
- Association des anciens élèves du CNSAD
"Des enregistrements des leçons données par Michel Bouquet dans le cadre de sa classe au CNSAD, réalisés il y a 20 ans par Georges WERLER, lui même ancien élève puis professeur au CNSAD, sont sortis en CD chez Frémeaux & Associés." Association des Anciens Elèves du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique.
- "Maître Bouquet" par le Nouvel Observateur
"On en rêvait, c'est désormais possible : suivre les leçons que Michel Bouquet a données aux élèves du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique. A l'époque - 1986-1987 -, le metteur en scène Georges Werler, qui assistait Bouquet pendant ses cours, avait eu la bonne idée de les enregistrer. Les voici, et c'est un trésor (Frémeaux et Associés, 1 CD audio, livret 24 p., 19,90 euros). Michel Bouquet se révèle un guide généreux, un passeur exigeant, précis et malicieux. Sa voix de professeur possède les mêmes qualités de clarté et de présence que celle qu'on lui connaît sur scène. Depuis les mémorables leçons de Louis Jouvet, on n'avait pas eu le bonheur de comprendre aussi simplement l'étrange artisanat du métier d'acteur, cet art de « faire une réalité vivante d'une création de l'esprit »." Odile QUIROT - LE NOUVEL OBSERVATEUR / © LE NOUVEL OBSERVATEUR
- "Tous les passionnés de théâtre se réjouiront…" par La Classe
"Tous les passionnés de théâtre se réjouiront de la sortie de ce CD consacré à Michel Bouquet, grand comédien et professeur au Conservatoire. Il s'agit d'un document sonore enregistré dans les années 80 par Georges Werler. (…) Véritable acte de transmission de savoir, de sagesse sur la culture humaine, ce document sonore est accessible à tous. En vente en librairie." LA CLASSE
- "L'art d'être acteur" par La Croix
"Il a créé Camus, Anouilh, Pinter, triomphé dans Molière, Ionesco, Thomas Bernhard. Il a travaillé au théâtre avec Vilar, Planchon, au cinéma avec Chabrol, Truffaut, Guédiguian dont il fut l'impressionnant "dernier Mitterrand" en 2003. A 79 ans, Michel Bouquet peut s'enorgueillir d'un "beau parcours", comme on dit. Nourri, surtout, avec une exigence rare, d'une interrogation permanente sur le sens du théâtre, de sa pratique, de son éthique. C'est cette interrogation que Georges Werler invite à partager à travers les enregistrements des cours donnés par Michel Bouquet au Conservatoire de Paris, durant la saison 1986-1987. Face à des élèves - dont plusieurs, depuis, se sont fait connaître (Patrick Pineau, Anne Brochet, Denis Podalydès…) -, il explore les arcanes de l'art de l'acteur, de sa relation aux textes, aux rôles. A lui-même. Prodigieux." Didier MEREUZE - LA CROIX
- "Leçons de théâtre" par Enseignement Catholique Actualités
"Denis Podalydès, Anne Brochet ou Philippe Uchan (un des grands seconds rôles du cinéma français actuel) furent - parmi d'autres - les élèves de Michel Bouquet, durant l'année 1986-1987, au conservatoire national d'art dramatique. Nulle leçon de comédie - "On n'apprend pas à jouer, dit le maître. Ce n'est pas en disant les mots que ça va suffire. Non, le véritable partenaire de l'acteur c'est la situation. Il faut qu'il comprenne ce qu'il va dire." Conservés pas le metteur en scène Georges Werler, qui lui succède auprès des apprentis-comédiens, ces enregistrements restituent la chaleur et la voix d'un magnifique professeur. Qui a su transmettre à ses élèves, témoigne Maria de Medeiros "plus qu'une technique de théâtre (…), une éthique de notre métier"." M.R. ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE ACTUALITES
- "Une magnifique réflexion sur l’art théâtral" Pariscope
« Durant des années, ce grand comédien a été professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. La qualité de ses cours était telle que sa réputation est vite sortie des murs clos de ce grand lieu de l’enseignement théâtral. Ses anciens élèves l’évoquent régulièrement avec référence et déférence. Aujourd’hui, ses leçons sont disponibles en CD. Nous devons ce cadeau au metteur en scène Georges Werler qui assista Michel Bouquet de 1986 à 1987 et qui a eu la bonne idée d’enregistrer les cours. C’est avec gourmandise que l’on écoute la voix claire, calme, posée de Michel Bouquet, guidant ses élèves. Au-delà de la simple rhétorique du maître, le comédien nous offre une magnifique réflexion sur l’art théâtral. » PARISCOPE
- "Grands maîtres" par le Magazine Littéraire
« (…) Georges Werler est l’un des metteurs en scène qui a travaillé avec Acquart. Il nous donne aujourd’hui un disque qui éclaire un autre aspect du théâtre, l’enseignement. Dans cet enregistrement, Michel Bouquet, professeur au Conservatoire et associé à Werler dans les années 1980, restitue ces interventions qui apportaient aux élèves une vision et une exigence extrême. Les élèves qu’on entend aussi s’appelaient Denis Podalydès, Anne Brochet, Maria de Medeiros, Jérôme Kircher… L’enseignement était rude et souverain. De formidables archives ! » Gilles COSTAZ – LE MAGAZINE LITTERAIRE.
- "Master Class sur CD" par l'Avant-Scène Théâtre
« Les éditions Frémeaux & Associés reprennent aujourd’hui de larges extraits des cours donnés par Michel Bouquet au conservatoire au cours des années 1986 et 1987. Ces enregistrements – effectués alors par Georges Werler – offrent l’approche personnelle du grand comédien quant à l’apprentissage des techniques théâtrales et présentent les subtilités d’une philosophie intime du métier d’acteur envisagé sous toutes ces facettes. Un disque indispensable. » L’AVANT-SCENE Théâtre
- "Une très grande leçon" par Rappels
« Quoi de plus rébarbatif que des cours enregistrés ? En soit le principe a quelque chose d’effrayant. C’est pourtant l’un des plus passionnants documents sur le théâtre que les éditions Frémeaux & Associés nous offrent en exhumant des archives les enregistrements d’une année de cours de Michel Bouquet au Conservatoire. En ouverture de son cours inaugural, il résumait : "Finalement, mon rôle est simple. Il consiste à éveiller les consciences à l’aspect prodigieux de ce qu’est un acteur : un homme qui fait tourner le monde selon son orbite". les conseils dispensés avec simplicité par le maître ouvrent des abîmes stupéfiants sur la complexité du métier d’acteur. La clarté de sa vision, l’intelligence profonde de sa réflexion et les fulgurances géniales de ses formules sont plus captivantes et instructives que n’importe quel traité sur l’art dramatique : car elles sont celles d’un acteur parlant à d’autres acteurs. Une très grande leçon. » RAPPELS
- "Professeur Michel Bouquet" par Libération
"L'acteur a enseigné pendant dix ans au conservatoire. Un CD restitue sa classe de l'année 1986-1987.
A partir de mercredi, Michel Bouquet joue l'Avare de Molière au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris. A 81 ans, l'acteur entame la soixante-quatrième année de sa carrière théâtrale. Avec une exigence intacte : «L'acteur qui intéresse, c'est l'acteur qui fait voir un autre visage inconnu à lui même. Il n'y a que les ringards qui se ressemblent toujours.» Ces mots, Bouquet les prononçait il y a vingt ans, à l'occasion de sa première classe de l'année 1986-1987 au Conservatoire national d'art dramatique. Tout en se défendant d'être un «pédagogue», il y a enseigné dix ans. Son complice Georges Werler, qui met en scène l'Avare, l'accompagnait déjà à l'époque. Il a eu la bonne idée d'enregistrer ses cours. Et de conserver précieusement les cassettes.
De ce matériau est extrait un CD (1), où Bouquet, sur son métier, parle d'or. Denis Podalydès, qui fut son élève cette année-là, se souvient encore de ces «phrases qui ouvrirent les brèches, révélèrent des continents, modifièrent notre géologie mentale, décidèrent de nos vies d'acteur». Et le sociétaire de la Comédie-Française d'évoquer, dans le livret accompagnant le disque, «cette voix de chair, de métal et d'électricité, dont il pouvait déchaîner l'orage d'une seconde à l'autre». Rien d'autoritaire, pourtant, dans le ton de Bouquet, mais une force de conviction qui fascine. «L'art de l'acteur n'est pas l'art de sentir, c'est l'art de réfléchir.»
On suppose que ces mots, prononcés au début de sa première classe, sont restés à jamais gravés dans la mémoire de ses auditeurs. «Sentir, on sentira toujours, ajoute-t-il. Plus on a réfléchi, plus on aura matière à sentir. Si l'on sent sans avoir réfléchi, c'est la meilleure façon d'être conventionnel. Forcément, puisqu'on amalgame tout à soi.» Et d'ajouter, quelques minutes plus tard, pour enfoncer le clou : «Acteur, c'est presque un métier dégradant si on ne réfléchit pas.» Réfléchir, cela signifie, d'abord et avant tout, lire, insiste-t-il. Au terme d'une année où il aura enseigné non le métier, mais «la technique morale de l'acteur», il a cette dernière réflexion : «Ce n'est pas difficile d'être très grand comme acteur. C'est difficile de le rester.»" René Solis - © Libération
- "Pépites sonores aussi diverses que captivantes" par L'Express - L'Expansion
"Plus largement le catalogue de Frémeaux et Associés, « promoteur de la voix », fourmille de pépites sonores aussi diverses que captivantes. Autres catégories : les œuvres littéraires lues par leurs auteurs comme celle – émouvante – d’Albert Camus avec l’Étranger, enregistrée en 1954 pour la radio nationale (ORTF), ou encore les enregistrements de la première classe de Michel Bouquet au Conservatoire, en 1987. « L’oreille est le chemin du cœur », écrivait Voltaire : une bonne raison d’être à l’écoute." Laurence ESTIVAL et Nathalie SAMSON – Paru dans l’Express et dans l’Expansion.
- « Une archive sonore précieuse » par le Journal de médecin
Réunie sur un CD, une sélection des cours que Michel Bouquet dispensa au Conservatoire National supérieur d’Art Dramatique en 1986 et 1987. Une archive sonore précieuse, proposant une exigeante éthique de l’acteur. Lieu commun : l’acteur serait cet être d’exception capable de sentir les choses et de les transposer d’emblée sur scène. Erreur ! Le métier, selon Michel Bouquet, ce serait plutôt l’inverse. Une pratique aux antipodes des illusions spontanéistes trop souvent colportées : « L’important pour un acteur, c’est que le style se dégage de la réflexion », assène-t-il en préambule de sa leçon inaugurale. Et, au fil de cette année d’enseignements dont ont été sélectionnés les moments les plus forts, il ne cessera de proposer à sa classe des éléments pour une éthique du jeu d’acteur. « Quand on est acteur, on sent. Alors, ce n’est même pas la peine d’en parler ». Dès lors, « l’art de l’acteur, ce n’est pas l’art de sentir, c’est l’art de réfléchir ». En fin de compte, comme le suggère une de ses élèves, l’idéal de l’acteur serait de réussir à disparaître (spécialité de l’excellent Michel Bouquet, au théâtre comme au cinéma) : parvenir à quitter son humeur du jour, « prêter sa sincérité » au personnage et, surtout, « ne pas prendre la place de l’auteur ». Excellente mise en perspective des contradictions, pièges et difficultés de l’interprétation, ces leçons signées Bouquet ont tôt fait de lui ressembler, faisant de l’humilité et du doute deux précieux alliés.
O.I. – JOURNAL DE MÉDECIN
- « Michel Bouquet - Anthologie 1986-1987 » par Lire
A ses élèves du Conservatoire, Michel Bouquet disait en préambule : « L’art de l’acteur, ce n’est pas de ressentir mais de réfléchir. […] Une fois que vous aurez compris la raison fondamentale pour laquelle la pièce a été écrite, quand vous aurez vu à la fois le personnage et l’auteur, alors vous pourrez donner la forme au rôle… » « Mon grand plaisir, c’est relire, relire et relire… » Et une vie ne suffit pas pour déchiffrer tous les secrets de Molière.
Philippe ALEXANDRE - LIRE
- « Exceptionnel » par Revue des médiathèques et des collections musicales
Voici livré à tous quelques moments de l’enseignement d’un de nos plus grands comédiens à ses élèves du Conservatoire. Michel Bouquet dépasse de beaucoup le simple apprentissage de la technique théâtrale et enseigne plutôt une philosophie de l’acte de jouer un rôle. Son travail s’approche plutôt du comportementalisme et ce qu’il propose, notamment, à ses étudiants une morale introspective. Exceptionnel.
Lucas FALCHERO – REVUE DES MEDIATHEQUES ET DES COLLECTIONS MUSICALES
- « Éloge de l’intuition » par La Terrasse
Michel Bouquet est une des figures incontestées de la scène théâtrale française. Il a enseigné au conservatoire. Plus que pédagogue, il s’y est voulu dispensateur d’une philosophie et d’une morale de l’acteur.
L.T. : Quelle est selon vous la qualité principale pour être acteur ?
M.B. : La qualité principale que demande ce métier, c’est l’intuition, plus importante que l’intelligence. Dans la manière d’appréhender le rôle, je laisse faire ce qui me vient. Je ne suis pas sûr que ce que je pense au soir d’un rôle soit définitif. Mon travail se fait entre le temps de deux représentations. Une critique opère en moi, je garde certaines choses, j’en récuse d’autres. Sur les bases initiales s’ajoutent des fioritures d’instinct : c’est ce qui fait que la chose reste intéressante. La liaison avec le personnage se fortifie, subit des guerres, des armistices, comme dans la vie. Je laisse une part d’improvisation dans ma conception du rôle : c’est pour ça que j’aime énormément les rôles qui n’ont pas de ligne psychologique précise.
L.T. : Y a-t-il une méthode à appliquer pour bien jouer ?
M.B. : La méthode met des bornes de sagesse sur le chemin mais n’est pas la panacée du métier d’acteur. La panacée du métier d’acteur c’est ce pourvoir de faire venir le rôle en soi, de le montrer et d’en être surpris soi-même. Cela arrive par la concentration, par le fait de regarder la vie sans y participer car elle avale tout. Le comédien doit être un lecteur de la vie et un lecteur de lui-même. Il faut s’observer, donc se méfier, croire la lecture du rôle, croire le rôle mais aussi douter de soi : cette contradiction est gage de richesse. Tout ce qui est mis en place peut être démoli par une intuition nouvelle du rôle. Du fait qu’on veut donner la vie à un rôle, il faut admettre qu’il est vivant en nous : c’est en cela que l’intuition prime sur la réflexion et que les comédiens ne sont pas des intellectuels. Petit à petit le rôle parle avec le comédien et quand c’est le rôle qui parle, il le surprend. Et lorsqu’il y a la vie dans un rôle, le spectateur peut alors jouer aussi puisque le comédien est lui-même en état de jeu. Mais s’il voit quelqu’un d’appliqué, il le sent et il n’a rien à faire. C’est alors qu’il y a répétition mais pas représentation théâtrale. Pour qu’il y ait représentation, il faut que le spectateur se dise ‘je suis un peu ce personnage, je peux entrer en lui’. La morale de la pièce apparaît alors puisque la personne qui la regarde la retrouve en elle.
L .T. : Comment apprendre, alors, à être acteur ?
M.B. : C’est le don qui fait tout, le don qui donne la richesse et la vocation qui est de servir ce don au maximum et non pas se d’en servir. C’est quelque chose de difficile, mais d’enrichissant, de poignant. Ce qui est très important, c’est le travail en amont sur le rôle. Il faut commencer à vivre avec lui et ébouler petit à petit toutes les opinions qu’on a sur lui. A partir du moment où on a suffisamment éboulé, le rôle vient dire : ‘j’en ai marre de t’attendre, fais plutôt comme ça’. Ça, c’est la part du rôle, et elle est sacrée.
Propos recueillis par Catherine ROBERT – LA TERRASSE
Michel Bouquet, Professeur au Conservatoire. Documents Sonores 1986-1987. Frémeaux & Associés.
- "Emporté par la justesse de son trait d'intelligence" par webthea.com
"Cet enregistrement nous livre avec bonheur les propos, ô combien subtils de Michel Bouquet sur quelques directions d’acteurs face à un groupe d’élèves de première et dernière année du conservatoire d’art dramatique de Paris.
On écoute donc ses différentes réflexions et critiques emporté pas la justesse de son trait d’intelligence qu’il vous décoche en toute simplicité. Vous vous demandez alors pourquoi vous ne l’avez pas découvert par vous-même. Ces indications de jeu sont pratiques et échappent à la cérébralisation de certains pédagogues efficacement incompétents qui se défendent de leur ignorance en teintant leurs discours d’un obscurantisme pédant impénétrable et inexplicable (Aucune allusion particulière à qui que ce soit…qui se reconnaîtra !.…) Il sait aussi mettre à jour les indications pratiques vérifiées et cautionnées par ce qui est devenu les grands fondements de la théorisation de notre dramaturgie actuelle.
On traverse donc, grâce à sa clarté d’esprit des réflexions sur le théâtre grec à la pensée éclairée de Diderot. Laquelle fera plus tard le régal de B.Brecht quand il réussira à imposer, à juste raison, dans l’immensité du décor de la dramaturgie contemporaine le fameux concept de la « distanciation », Grille d’analyse, procédé de metteur en scène expérimental ou « expérimenteux ». Alors dans l’euphorie de faire renaître un théâtre revendicateur on se saisit de cette caisse à outils universelle qu’est « la distanciation ». Intellectuel modeste notre conférencier s’efface en tant qu’acteur pour nous donner à entendre du côté de l’auteur. Il incite à découvrir relecture après relecture les arrangements cachés du texte…Il pousse à fouiller les intentions de l’auteur « Pour quelle raison cette écriture ? Il faut se poser des questions auxquelles les réponses sont enrichissantes pour le jeu… »
D’autre part ce qui semble profondément touchant c’est la générosité de Michel Bouquet qui offre son temps pour nous exposer au-delà du problème du théâtre quelques observations sur la vie : réflexion sur le mécanisme du monde ou tout simplement le regard sur le fonctionnement d’autrui. L’approche de l’altérité n’est pas une pratique uniquement théâtrale mais aussi le produit d’une vision attentive et bien aigue des rapports humains. Il est bien intéressant d’écouter Michel Bouquet, ce passeur de mots, avec sa justesse, son petit pincement de lèvres malicieux et son oeil narquois et pétillant qui font de lui ce séducteur discret de nos scènes et de nos écrans. Et quand s’échappent discrètement de cet enregistrement quelques petits rires très économisés de Michel Bouquet on regrette infiniment de ne pas être l’auditeur présent de ce moment privilégié. Il a y a chez Michel Bouquet une sorte de sacralisation du commun qui fait de ce témoignage une sorte de travail presque anthologique. Il pose et propose avec simplicité l’éclaircissement de certains phénomènes sur l’acteur que nous avions pressentis mais jamais vérifiés, définis ou précisés. Et cette pause n’intéressant pas soi-disant que l’ACTEUR semblerait interpeller d’autres catégories humaines : ne sommes-nous pas tous des ACTANTS réduits et contraints à agir dans de petits espaces ? Alors, si nous ne savons pas élargir cette surface cachée, qui nous est due, par l’observation et les diverses analyses, nous avons de quoi être inquiets. Alors on pourrait dire sans nostalgie ou sans désuétude quelconque que le regard distancié sur le monde permet d’être imperméable aux jeux stupides et violents qui nous cernent journellement.
Michel Bouquet, distillateur et manipulateur des mots, merci donc de cette réflexion. Plus qu’un art de jouer vous nous apportez par votre acuité sur les « choses » un art de vivre. Merci aussi et surtout au concepteur de ce support ( CD conçu et réalisé par Georges Werler pour la compagne FROC au théâtre de Cachan. Editions Frémeaux et associés, 2006 ) d’avoir eu l’idée de cette heureuse compilation. Œuvre éducatrice, ludique…fort entendante et …détendante et peut-être comme certains grands romans de notre dernier siècle, œuvre de formation…" par Jacky Viallon - webthea.com
- « Un grand homme de théâtre » par Nouvelle revue pédagogique lycée
Grand homme de théâtre, Michel Bouquet fut l’interprète des pièces d’Albert Camus, Jean Anouilh, Eugène Ionesco, et, au cinéma des films d’Alain Resnais, François Truffaut, Bertrand Blier… Sa pratique inlassable des textes du répertoire, et principalement de Molière, sa réflexion incessante sur l´art du comédien l´ont inspiré durant les nombreuses années où il fut professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Ce texte est la transcription d’un cours sur « Les Sincères » :
Tout passe par la conversation. Les êtres subissent une épreuve, un destin à partir d’une conversation, en se disant : Nous allons simplement converser et nous allons nous montrer sincères. Mais à la fin, on s’aperçoit que l’exercice de sincérité peut entraîner le malheur de deux destinées […] L’auteur a voulu dire que par des mots, on peut se faire énormément de mal. Tout leur être est fait pour s’entendre, toute leur chair les appelle à une communion, […] mais ils tuent cette chose véritable, troublante, captivante qui est entre eux par l’emploi des mots et l’abstraction à laquelle ils succombent de vouloir être sincères […]. Ils commencent à parler. Ils se trouvent plus intéressants parce que moins hypocrites que les autres et tout à coup, cela fait des ravages. Mais des ravages qu’ils ne sentent qu’une fois que la conversation est finie. Et à la fin, ils voient un trou béant, seulement à la fin. Ce qu’elle dit est une sincérité de pure figure, mais ce qu’elle ressent est une sincérité réelle. Le vouloir être sincère, ce n’est pas être sincère. C’est vouloir l’être. C’est là que l’on voit que l’auteur est à ce point désespéré.
NOUVELLE REVUE PEDAGOGIQUE LYCEE
- « Une philosophie de théâtre » par Direct Matin
Molière, Michel Bouquet : deux incontournables, à trois siècle d’intervalle, du théâtre français. Débutant sur scène à l’âge de 17 ans, le comédien travaille avec Jean Anouilh, Jean Vilar, Eugène Ionesco, fréquente assidûment les scènes du Festival d’Avignon. Dans les années 1980, il donne d’ailleurs des cours au conservatoire, assisté de George Werler. Disponible sur CD (Cours au conservatoire, Anthologie 1986-1987, Frémeaux et Associés), sa méthode est quasiment une « philosophie de théâtre », que Michel Bouquet applique assidûment. « Il y a quatre points explique George Werler : d’abord la connaissance de l’auteur, puis celle de l’œuvre, ensuite de la pièce, et enfin, du personnage. Il est essentiel de se nourrir de l’auteur avant de connaître un personnage. Les comédiens qui se jettent à corps perdu dans un rôle ratent quelques chose, et se retrouvent souvent dans une impasse ». Il faut donc savoir que dans Le malade imaginaire, la souffrance de Molière créait le grotesque. Lorsqu’il grimaçait de douleur, la foule riait.» DIRECT MATIN


Michel Bouquet, "Professeur au conservatoire : Anthologie 1986-1987"
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