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Guy Breton, "Les nuits secrètes de Paris"

Posted By: TimMa
Guy Breton, "Les nuits secrètes de Paris"

Guy Breton, "Les nuits secrètes de Paris"
Publisher: François Beauval | 1970 | ISBN: N/A | French | PDF | 245 pages | 9.33 Mb

Au milieu des années 1960, Paris grouille d'une faune des plus étranges : les adorateurs de l'oignon, les Néo-Médiévaux, les druides de Meudon, les Rayonnants … Tous appartiennent à des mouvements spirituels et philosophiques farfelus qui prétendent, avec le dernier des sérieux, éclairer le monde de leur Sagesse. Il fallait toute la sagacité et l'humour so british du journaliste Guy Breton pour infiltrer ces sectes - plus abracadabrantes que dangereuses - et en composer ce recueil. Une plongée drolatique qui évoque aussi le bouillonnement idéologico-érotique de Paris, à l'aube de Mai 68.
Bien avant le New Age des Enfants du Verseau, longtemps après les Barbélognostiques, les Omphalopsiques ou adorateurs du nombril faisaient sensation à Paris, au temps que l'Esprit s'élevait au moyen d'un Grand Huit. C'était en 1963. Guy Breton, compagnon de farces de Francis Blanche, assidu aux réunions de l'Akademia Dunkan présidées par Raymond Duncan, frère d'Isadora, explorait la Ville Lumière sur les trottoirs de l'occulte. Au gré du bouche à oreilles, ce journaliste de Noir et Blanc, l'exact rival de Paris Match, filait les plus étranges attroupements. Il en fit ce livre dans lequel s'expriment des croyances aujourd'hui disparues.
GUY BRETON, MYSTIQUE RIEUR

Ceci n'est pas une enquête sur les sectes à Paris. Enfin, si. Mais qu'on ne s'attende pas au récit compassé que produirait un journaliste contemporain s'il devait s'atteler à la tâche. Car Les Nuits secrètes de Paris datent de 1963 et cela change tout. Comme le souligne Christophe Bourseiller, on peut «certes s'offusquer de la légèreté avec laquelle Breton traite d'un sujet devenu grave et sérieux. Mais l'errance dans le Paris des années 1960 n'autorise-t-il pas les dérives les plus inavouables ?» Légèreté, c'est bien de cela qu'il s'agit. Mais elle ne paraît pas le moins du monde déplacée au commencement d'une décennie où les sectes ne forment pas encore un «sujet de société» pour débats télévisés de deuxième partie de soirée. Point de manipulation mentale, d'enfermement psychologique ou d'attouchements sur mineurs dans ces Nuits secrètes, mais une virée drolatique chez quelques allumés affublés de chapeaux pointus et toges de mage, qui peuplaient alors la capitale et ses environs.
Comment peut naître un livre comme celui-là ? Son auteur, Guy Breton (1919-2008), raconte dans le premier chapitre qu'il l'a démarré rue de Seine à l'Akademia Duncan (où, il ne l'écrit pas, il musardait avec son ami Francis Blanche), une sorte de salon où se rassemblaient poètes, danseurs, comédiens, philosophes et extravagants de diverses eaux, tenu par Raymond Duncan, le frère de la danseuse Isadora. C'est là que Breton croisa son premier hurluberlu, un adorateur du nombril, matière de sa première enquête, qui lui donna le goût d'en produire d'autres. A l'en croire, ses Nuits secrètes sont donc nées du «hasard, ce merveilleux collaborateur». Mais les journalistes savent bien que ce genre de «hasard» ne sourit qu'à ceux qui gardent constamment le nez au vent, en quête de ce que le jargon nomme «biscuit» : événements, lieux et personnages dignes d'intérêt. Breton était de ceux-là et beaucoup des rencontres de son livre - qu'il jure fortuites - paraissent un peu trop mises en scène pour que l'on n'y sente pas le savoir-faire de l'enquêteur.


Guy Breton, "Les nuits secrètes de Paris"