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John Irving, "Une Prière pour Owen"

Posted By: TimMa
John Irving, "Une Prière pour Owen"

John Irving, "Une Prière pour Owen"
Publisher: Seuil | 1989 | ISBN: 2020107120 | French | PDF | 686 pages | 4.19 Mb

Il est des livres qui ne nous quittent jamais vraiment, même bien après avoir tourné la dernière page. Ceux-là nous laisseraient presque dans le désarroi : que vais-je bien pouvoir lire après qui ne soit pas gâché par son glorieux prédécesseur ? Vous savez, ces livres pour lesquels 700 pages ne suffisent jamais et qui offrent plus qu’une simple histoire en faisant rentrer le lecteur dans la vie des personnages. Un bout de vie, une parenthèse. "Une prière pour Owen" est tous ces livres à la fois. Un don du ciel, une apparition.

John Wheelwright se souvient de la façon dont son meilleur ami d’enfance, Owen Meany, a marqué sa vie. Leur destin se lie définitivement quand, à 11 ans, Owen tue accidentellement d’une balle de baseball la mère de John. L’amour fraternel que se vouent les deux garçons va être plus fort que cette tragédie et les soudera à tout jamais. C’est à ce moment-là que John devient croyant.

Après ce malheureux évènement, Owen ne cessera de dire :

"DIEU A PRIS TA MERE. MES MAINS FURENT L’INSTRUMENT. DIEU A PRIS MES MAINS. JE SUIS L’INSTRUMENT DE DIEU."

Pourquoi l’écrire en majuscules ? Parce qu’Owen s’exprime de cette façon (tous ses dialogues sont ainsi). Owen, c’est avant tout une voix indescriptible et un physique extra-ordinaire. Très intelligent et mature pour son âge, en totale contradiction avec sa petite taille et son poids plume, il est la bienveillance incarnée, l’ami parfait.

Au fil des pages, ils grandissent sans se quitter mais en prenant des voies pas tout à fait identiques : très croyant, Owen intègre l’armée en plein Vietnam après avoir vu sa mort en rêve ; tandis que John, lui, devient prof de lettres. Rien ne se passe vraiment dans ce livre, si ce n’est tous ces petits moments qui remplissent une vie. Des années après, John, exilé au Canada, fouille sa mémoire et livre au lecteur les moindres détails de cette fraternité.

Irving ajoute encore plus de profondeur grâce à sa manière d’aborder le contexte des années 60 et 70 : la télé arrive dans les foyers et pervertit les gens – même les plus réticents, la guerre de l’image avec l’assassinat en direct de Kennedy à Dallas, la moralité à deux francs six sous de ce dernier, « vilain » mari infidèle, et surtout… la guerre au Vietnam, qui va causer la mort de milliers de jeunes Américains dans l’indifférence presque totale du pays. Les seuls à se révolter sont les hippies et les marginaux, dont certains réagissent à la violence par la violence, ce que condamne absolument Irving.

La religion est un des thèmes centraux. L’auteur réussit à amener le débat au-delà de la religion. Ainsi, les plus athées d’entre nous sont touchés par la foi d’Owen, qui dépasse le cadre de la simple croyance religieuse. On se met à espérer avec lui, à croire, non pas à Dieu, mais en sa bonne étoile. On reprendrait presque confiance en nous à ses côtés.

Pour finir, le style d’Irving est parfait. On le lit comme on écouterait quelqu’un parler. Il nous fait rire, nous fait pleurer, grâce à une écriture très sensible et chargée d’émotion. A croire que l’auteur raconte sa propre histoire.

Vous ne pouvez pas passer à côté de ce livre, vous ne devez pas.

Owen est un ami qui vous veut (vraiment) du bien.

John Irving, "Une Prière pour Owen"