Tags
Language
Tags
March 2024
Su Mo Tu We Th Fr Sa
25 26 27 28 29 1 2
3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31 1 2 3 4 5 6

Étienne Liebig, "Les nouveaux cons" (repost)

Posted By: TimMa
Étienne Liebig, "Les nouveaux cons" (repost)

Étienne Liebig, "Les nouveaux cons"
Publisher: Michalon | 2011 | ISBN: 2841865649 | French | EPUB | 256 pages | 2.44 Mb

"La sociologie des cons - une science aussi vieille que l'humanité - repose sur l'observation et l'analyse de nos contemporains. Cette discipline exige de la patience, car les cons se renouvellent à chaque génération, comme le virus de la grippe et les nuages de sauterelles. Toujours là, mais différents, ils contaminent tous les milieux. Bobos, profs, retraités, syndicalistes, militants de droite et de gauche, féministes, artistes, psychanalystes, jeunes de quartier, etc., personne n'est épargné.
Ce petit guide de l'anthropologie de la connerie en tout genre se veut corrosif et sans concession. Grand connaisseur de la question et nouveau con moi-même, j'espère avoir été suffisamment intolérant, injuste et malhonnête intellectuellement, pour me faire des milliers d'ennemis."
Etienne Liebig
LE NOUVEAU MANIFESTANT

Ah, celui-là ne fera pas la révolution, le pouvoir peut dormir tranquille ! Les nouveaux manifestants savent se tenir et ne jamais déroger à la règle de la manif bourgeoise et bien élevée. Leur principal souci est de retrouver le gros ballon de leur syndicat ou de leur ville, de se féliciter d'être aussi nombreux, de se dire que c'est une belle manif et que la lutte va porter ses fruits. Même si le cortège compte cent mille pékins, le moindre flic, à lui tout seul, suffit à empêcher la colonne de progresser vers les beaux quartiers afin de ne pas gêner la sieste des ministres concernés.
Ces nouveaux cons ne veulent pas être assimilés à la racaille banlieusarde qui balance des caillasses et fout le feu aux bagnoles pour exprimer sa colère. Ils sont organisés comme des paramilitaires, et sages comme des vieillards à l'hosto. Il leur faut d'abord une autorisation de la préfecture, puis un itinéraire précis et une heure de dispersion. La manif est une sorte de grande fête, composée en majeure partie, de profs et autres fonctionnaires qui gueulent en espérant surtout que rien ne change, car finalement, ils ne sont pas si mal lotis. Il y a des orchestres, des percussions, des danseurs, des cracheurs de feu, des travelos déguisés, des clowns, des jongleurs, des gueulards professionnels, des faux Africains et de vrais flics en civil, qui n'ont même pas à se cacher, car ils ne sont jamais pris à partie. En un mot, les manifs sont bon enfant et ne font plus peur à personne. Les travailleurs précaires et exploités qui devraient défiler ne le peuvent par crainte de se faire licencier et se trouvent représentés par des mecs et des femmes qui n'ont jamais été sur un chantier ou dans un atelier.
On se cause, on échange entre gens offusqués et intelligents, mais, surtout, on peut tout exiger, surtout des trucs impossibles, pour se faire remarquer et montrer que l'on n'a rien lâché depuis 68 : «Fin du capitalisme», «Mort des patrons», «Démission du président de la République», etc. Tout cela ne mange pas de pain puisque, de toute façon, on sait qu'aucun bouleversement politique n'interviendra, que l'on pourra rentrer dans son petit pavillon de banlieue et reprendre son petit turbin en gardant de belles photos et quelques tracts dans sa poche. De leur côté, les flics rigolent, tapent le carton, discutent avec les manifestants… C'est cool. On chante des parodies de tubes avec des paroles vachement engagées du genre : «Ta réforme, tu sais où on se la met ? Au cul, au cul, aucune hésitation !» ou «Tous ensemble, tous ensemble !».


«Il y a plusieurs façons d'être con, mais le con choisit toujours la pire», écrivait Frédéric Dard. Un propos qu'Etienne Liebig, ancien travailleur social auprès des populations tsiganes et cofondateur début 2011 du mensuel satirique «Zélium», vient aujourd'hui illustrer à travers ce désopilant dictionnaire des idées reçues intitulé «les Nouveaux Cons»…
On s'indigne parfois, on éclate de rire souvent, on se prend surtout, comme l'auteur, à regretter une époque où l'outrage au politiquement correct n'avait pas encore été abandonné aux sales cons. (Aude Lancelin - Le Nouvel Observateur du 14 avril 2011 )


Étienne Liebig, "Les nouveaux cons" (repost)