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Jacques Lusseyran, "Georges Saint-Bonnet : Maître de joie, un initié français au 20e siècle"

Posted By: TimMa
Jacques Lusseyran, "Georges Saint-Bonnet : Maître de joie, un initié français au 20e siècle"

Jacques Lusseyran, "Georges Saint-Bonnet : Maître de joie, un initié français au 20e siècle"
Publisher: Triskel | 2015 | ISBN: 2940353891 | French | EPUB/MOBI | 176 pages | 0.1/0.2 Mb

Récit assez exceptionnel et rare de Jacques Lusseyran sur sa rencontre, puis sa description de Georges Saint-Bonnet. Nous avons pensé qu’il était important de rééditer cet ouvrage, depuis longtemps introuvable, sur une personnalité hors du commun et qui a eu une influence décisive sur Jacques Lusseyran puisque c’est elle, notamment, qui lui donna l’impulsion à écrire son livre : « Et la Lumière fut ».
….« Tout cela n'a aucune importance. Seulement mainte­nant il faut que vous écriviez un livre »

« Moi, m'écriai-je ! Écrire un livre ! Mais je ne peux pas! » « Vous le pouvez, très bien. En fait, le bouquin est déjà écrit dans votre tête ».
Cela faisait sept ans que je n'avais qu'une idée : écrire. Je n'avais jamais pu. Je n'avais même pas commencé. C'était mon obstacle familier, c'était mon arête dans la gorge, c'était l'un des plus gros de mes petits malheurs intimes, mais je n'avais jamais parlé de lui à Saint-Bonnet. Je fis un ultime effort pour sauver ce qui restait de mon malheur : « Je voudrais bien écrire mais je n'ai pas de sujet ». « Vous avez « vous ». C'est un sujet. Depuis le jour où vous êtes devenu aveugle, vous avez fait des expériences qui ne ressemblent pas à celles des autres. Vous n'avez qu'à les dire ».
En effet je n'avais qu'à les dire. C'était incroyable : déjà j’y croyais. Et pour la toute première fois.
Il n'était pourtant pas le premier à me parler ainsi. Dix amis, peut-être plus, m'avaient fait la même recommandation. Et eux s'étaient donné du mal, ils avaient mobilisé des arguments, ils avaient battu le rappel de tous mes mérites et autres talents, ils avaient utilisé toute leur affection pour m'aider. Ils n'étaient parvenus à rien. Mais à cet instant je voyais pourquoi. Il y avait une chose qu'aucun d'eux n'avait pu me donner : c'était la certitude, c'était le bonheur du projet.
Saint-Bonnet, plus habile qu'eux tous, ne s'occupait pas de me convaincre. Il ne discutait pas (oh! S'il avait discuté, tout aurait été perdu) : il créait en moi un état nouveau. J'allais commencer mon livre le lendemain matin. Voilà ce qu'il disait. Et comme le lendemain était un samedi, je n'avais pas d'excuses professionnelles à offrir pour ne pas le faire. Vendredi prochain j'allais lui apporter les vingt premières pages du livre. Il les regarderait. Du reste, elles seraient bonnes. Et il les commu­niquerait aussitôt à l'un de ses amis qui était dans l'édition, de sorte que je serais publié dans quelques mois.
Le lendemain matin je me mis au travail, sans le moindre préparatif. Pourquoi me serais-je préparé ! Je n'avais plus peur. J'écrivis l'avant-propos de ce qui devait être en effet mon premier livre, mon autobiographie : Et la Lumière Fut.
Une semaine plus tard je n'avais pas rédigé les vingt premières pages. Saint-Bonnet s'était trompé sur le chiffre. Je n'en avais encore que dix, mais c'étaient les dix premières de ma vie. Je les lui portai. J'étais dans l'agitation. Allait-il aimer mon style, mes idées! Allait-il m'aimer, moi? Tiendrait-il cette promesse de m’aider auprès d'un éditeur ? Rien ne se passa comme je l'avais prévu.
Il prit dans ses mains le classeur où se trouvaient les dix feuilles dactylographiées. Il le laissa sur ses genoux, sans l'ouvrir, et il ferma les yeux. Un instant plus tard il me dit avec une conviction grave que c'était excellent, que c'était juste un peu mieux que ce qu'il avait prévu et qu’il avait eu bien raison de parler déjà à l'éditeur. Je faillis protester : « Mais vous n'avez pas lu ! » Je n'en eu pas le temps, car il m'expliquait déjà ce qu'il y avait dans mes dix pages. Pas les détails bien sûr, pas les mots et les phrases, mais le climat, le niveau du texte. Finalement il se décida à entrouvrir le classeur et, plongeant au hasard sur un paragraphe avec ses yeux de myope, il le lut très lentement à haute voix. Puis il fit en trois minutes plus de remarques sur le style que je n'en avais entendu faire à des critiques littéraires professionnels sur quelque texte que ce fût. Des remarques d'artisan, d'homme du métier, toutes utilisables et toutes frater­nelles.
Après quoi il déclara que mon éditeur serait heureux d'avoir le livre terminé à la fin de septembre. Cette fois je crus qu'il était fou ou que je l'étais devenu. Dans mes calculs les plus optimistes je m'étais donné deux ans, et non trois mois, pour écrire le livre. En fait, 90 jours plus tard, le 19 septembre, Et la Lumière Fut était achevé.


"L’État de Joie n'était pas un état d'âme. Ce n'était pas une émotion, même sublime ou sublimée. L’État de Joie n'avait rien à voir avec l'extase à demi sensuelle, à demi imaginative qu'on attribue à la plupart des mystiques. Il ne flottait pas dans une zone douteuse entre le corps et l'âme.
Il n'était pas davantage un état de conscience et que seul l'exercice supérieur des facultés intellectuelles ren­drait possible. L’État de Joie, selon « Initiation et Pou­voirs », était une perception, une expérience, un fait.
La Joie, c'était le passage à travers nous de l'influx divin, du courant principiel. Cette affirmation était considérable, mais elle était faite tranquillement. Elle était entière et positive.
Elle n'était pas posée comme un acte de foi et moins encore comme un pari. Elle était annoncée comme un événement, comme une réalité.
Le goût, l'odeur du livre étaient ceux d'un évangile. N'était-ce pas la Bonne Nouvelle elle-même que la Joie ne dépendît pas des hommes, qu'elle fût là, à tous mo­ments, à leur insu, complète, disponible ? Ils sont au Paradis et ils ne le savent pas !
La « bonne nouvelle» me prenait au dépourvu. On ne m'avait pas dit jusqu'alors que la Joie fût le signe du divin, son essence. Ou si on me l'avait dit, c'était comme entre parenthèses, avec réticence. On m'avait parlé (dans presque tous les livres religieux), bien davantage de la souffrance, - de sa nécessité, de sa leçon. A moins que les Evangiles eux-mêmes… Mais qui sait encore les lire ?
« Initiation et Pouvoirs », c'était une fameuse déchi­rure dans le ciel métaphysique. Mais était-ce bien dans le ciel ? Sur la terre plutôt. Il n'était pas question dans ce livre des hiérarchies célestes ni des phalanges démo­niaques, et il n'y avait pas trace de prophétie. Il était question de nous, maintenant, tout de suite, de ce qui nous était donné et de la meilleure façon de le recevoir. En somme c'était un livre unique et admirable,…"

Georges Saint Bonnet Maître de Joie (1964)
Jacques Lusseyran


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