Didier Porte, "Insupportable ! Chronique d'un licenciement bien mérité"
Didier Porte, "Insupportable ! Chronique d'un licenciement bien mérité"
Publisher: First | 2010 | ISBN: 2754022554 | French | EPUB | 254 pages | 0.2 Mb
Publisher: First | 2010 | ISBN: 2754022554 | French | EPUB | 254 pages | 0.2 Mb
« Quand je me remémore cet épisode, maintenant que j ai pris le temps d opérer un salutaire retour sur moi-même, je me dis que si j avais été un minimum responsable, j aurais dû comprendre à ce moment que j avais outrepassé les limites du supportable, et profiter de la chance inespérée que m offrait mon directeur d admettre mes erreurs et de faire amende honorable. J aurais dû formuler des excuses publiques et offrir sur un plateau […] ma démission définitive de la radio, pour prix de mon pardon. J aurais dû me sacrifier pour sauver l honneur de France Inter. Eh bien, croyez-moi si vous voulez : ça ne m est pas venu à l idée… quel petit con j étais !… »
Lorsque, en juin 2010, Didier Porte est licencié de France Inter en même temps que Stéphane Guillon, une vague d indignation soulève l opinion. « L humour ne doit pas être confisqué par des petits tyrans », argue alors le patron de Radio France pour écarter les soupçons de pression politique qui pèsent sur ce double licenciement. Dans cet ouvrage agrémenté de nombreuses chroniques aussi drôles que féroces, l humoriste nous livre sa version des faits. Mais le mea-culpa de cet incorrigible frondeur pourrait bien masquer un nouveau forfait… On vous aura prévenu : ce type est in-sup-por-table !
Mercredi 23 juin 2010,11 h 15. Je m'apprête à quitter mon domicile pour rejoindre le studio 106 de la Maison de la radio. J'y suis titulaire de la chronique quotidienne qui ouvre la seconde partie de l'émission «Le Fou du roi», sur France Inter. Le fameux «pic d'audience de midi cinq», comme je le rappelle régulièrement à l'antenne car, il faut bien le dire, ce n'est pas la modestie qui m'étouffe. Alors que je pose la main sur la poignée de la porte d'entrée, la sonnerie de l'Interphone me vrille les oreilles et mon facteur me somme de le laisser monter pour me livrer un pli recommandé. Je me fais in petto la réflexion suivante : «Houlà !»
Bientôt campé sur mon paillasson, sur lequel figure le logo de l'UMP (mais non, je déconne !), l'indispensable préposé aux mauvaises nouvelles me tend l'enveloppe fatale en me disant, un brin contrit, car il a un coeur qui bat sous sa casquette : «J'ai l'impression que vos employeurs vous font encore des misères.» De fait, il s'agit bien de ma lettre de licenciement de France Inter, signée par le célèbre fantaisiste Philippe Val, lequel, dans un style résolument primesautier, m'annonce que mes deux chroniques, celle de 7 h 53, le jeudi, et ma quotidienne au «Fou» sont purement et simplement supprimées. En effet, précise l'ancien partenaire de scène de Patrick Font, puis directeur de Charlie Hebdo, «je souhaite renouveler et faire évoluer l'antenne. La conception d'une nouvelle grille contraint nécessairement la direction à renoncer à certaines émissions ou chroniques». J'apprécie particulièrement le recours au verbe «renoncer», qui exprime à merveille la souffrance qu'a dû ressentir le signataire de cette missive au moment de prendre sa décision. Je suis donc viré de France Inter pour la deuxième fois de ma carrière. Et, plus encore qu'à l'occasion de la première, cette fois, je l'ai sacrement mérité !
Bientôt campé sur mon paillasson, sur lequel figure le logo de l'UMP (mais non, je déconne !), l'indispensable préposé aux mauvaises nouvelles me tend l'enveloppe fatale en me disant, un brin contrit, car il a un coeur qui bat sous sa casquette : «J'ai l'impression que vos employeurs vous font encore des misères.» De fait, il s'agit bien de ma lettre de licenciement de France Inter, signée par le célèbre fantaisiste Philippe Val, lequel, dans un style résolument primesautier, m'annonce que mes deux chroniques, celle de 7 h 53, le jeudi, et ma quotidienne au «Fou» sont purement et simplement supprimées. En effet, précise l'ancien partenaire de scène de Patrick Font, puis directeur de Charlie Hebdo, «je souhaite renouveler et faire évoluer l'antenne. La conception d'une nouvelle grille contraint nécessairement la direction à renoncer à certaines émissions ou chroniques». J'apprécie particulièrement le recours au verbe «renoncer», qui exprime à merveille la souffrance qu'a dû ressentir le signataire de cette missive au moment de prendre sa décision. Je suis donc viré de France Inter pour la deuxième fois de ma carrière. Et, plus encore qu'à l'occasion de la première, cette fois, je l'ai sacrement mérité !
Didier Porte, né en 1958, est chroniqueur et humoriste. En juin 2010, il annonce en direct son licenciement de « La Matinale » et du « Fou du roi »
Didier Porte, "Insupportable ! Chronique d'un licenciement bien mérité"
