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Guillemette Faure, "American Dream"

Posted By: TimMa
Guillemette Faure, "American Dream"

Guillemette Faure, "American Dream"
Publisher: Don Quichotte | 2012 | ISBN: 2359490842 | French | EPUB | 400 pages | 0.4 Mb

Qui sait que Google abandonne 30 % de ses projets ? Que la sitcom Friends a fait bondir les inscriptions à l université de Columbia ? Pourquoi l Amérique ne se sent-elle pas prête à élire un mormon président après avoir installé un Noir à la Maison-Blanche ? Qui sont les nouveaux héros de la droite américaine ? Pourquoi Manhattan la riche n arrive-t-elle pas à se débarrasser de ses souris et de ses bedbugs (puces de lit) ? Comment Warren Buffet a-t-il pu faire fortune sans mettre les pieds à New York ? Pourquoi le chien ou le chat de la Maison-Blanche font-ils toujours partie de la vie politique ? Le Cupcake va-t-il survivre au macaron ? Comment Las Vegas peut-elle être au bord de la faillite ? Les participants à Occupy Wall Street dorment-ils vraiment à l hôtel Marriott ? Que reste-t-il de la Nouvelle-Orléans aujourd hui ?

L Amérique, qui nous envoie l iPhone et nos séries cultes, qui nous en met plein la vue en élisant un président noir ou en permettant à Mark Zuckerberg de devenir, à l âge de vingt-trois ans, le plus jeune milliardaire de la planète, est aussi depuis quelques années le pays qui annonce les drames dont nous subirons longtemps les conséquences , du 11-Septembre à la crise des subprimes. Pourtant, nous connaissons mal l Amérique. Ce DicoRock rassemble les grandes références de la vie américaine (Google, Tarantino, la pizza), les idées reçues (les New-Yorkais ne parlent jamais de « la grosse pomme » pas plus qu on ne dit « Frisco » à San Francisco ; Carter, malgré son Nobel, passe pour un des pires présidents), les expressions intraduisibles ( cougar, cover up, dating, freegans ) et cependant essentielles pour se plonger dans l Amérique d aujourd hui.
J'avais deux ans quand mon père est parti travailler pour Chrysler, à Détroit, aux États-Unis, et a emmené sa famille avec lui. De cette époque, au début des années 1970, j'ai retenu des anecdotes, le souvenir d'une fondue savoyarde tentée pour épater des voisins intrigués et dont le fromage américain avait fondu… rose. Nos cultures n'étaient décidément pas transposables. En grandissant, j'entendais mes parents promettre que tout ce qui se faisait de nouveau aux États-Unis nous arriverait dix ans plus tard. Aujourd'hui, Détroit n'est plus la capitale de l'automobile mais celle de la pauvreté urbaine. Et ce qui se produit dans le pays atterrit chez nous en ordre dispersé, des films de majors américaines sortent parfois à l'étranger avant d'être diffusés aux États-Unis. L'affirmative action américaine a mis une quarantaine d'années à devenir l'affreusement nommée «discrimination positive» en France. Parfois même les greffes ne prennent pas. Les cafés Starbucks, toujours déficitaires dans l'Hexagone, en ont fait l'amère expérience.
Et si, plutôt que de voir dans l'Amérique un brouillon de ce qui nous attend, il fallait la considérer tout simplement à part ?
A mon tour, je suis allée vivre aux États-Unis, adulte. En m'installant à New York en juillet 1995, je pensais qu'ils ne me réservaient plus aucune surprise. Quand j'en suis repartie, douze années plus tard, j'avais encore beaucoup appris de ma terre d'accueil, et surtout distingué trois Amérique : celle qui nous est étrangère, celle qui n'est pas encore arrivée jusqu'à nous et, la plus inconnue, celle que l'on croit connaître.
L'Amérique qui nous est étrangère fait l'exotisme de nos séries préférées, on y voit des pom pom girls et des remises de diplômes encostumées. Elle nous parle de dating, de bals de prom, de Superbowl, on y célèbre Thanksgiving en famille et l'on s'y saoule dans les beuveries de spring break. On y reconnaît des codes sociaux qui ne sont pas les nôtres et dont les fonctionnements nous échappent.
L'Amérique dont on n'a pas encore entendu parler voit se croiser ce shérif qui, à notre époque encore, cherche à être étiqueté le plus impitoyable du pays ; ces réfugiés climatiques d'Alaska ; et des acteurs de toutes sortes de nouvelles tendances, des meatless mondays à Occupy Wall Street.
L'Amérique que l'on croit connaître, c'est celle de nos idées reçues : ainsi les New-Yorkais ne parlent jamais de «la grosse pomme», pas plus qu'on ne dit «Frisco» à San Francisco ; Jimmy Carter, malgré son Nobel, est dans la mémoire collective l'un des pires présidents de l'Union, au point que toutes les grandes figures du Parti démocrate continuent de le tenir à distance ; et ce fameux «melting-pot» célébré en France est aujourd'hui un concept dépassé aux États-Unis, presque insultant.
Vous ignorez sans doute que les interpellations de clandestins à la frontière mexicaine sont au plus bas niveau depuis quarante ans… Preuve que, quand un événement ne rentre pas dans la grille de nos fantasmes sur l'Amérique, nous avons tendance à tout bonnement l'ignorer. On a bien plus couvert l'envolée des exécutions capitales en 2000, quand un certain George W. Bush était gouverneur du Texas, qu'on a prêté attention à leur déclin, dû non pas aux doutes sur le risque d'exécuter des innocents, comme on aimerait le croire chez nous, mais au coût prohibitif de l'application de la peine de mort et des procédures d'appel sur quinze, vingt ans. C'est peut-être parce qu'on pense déjà connaître l'Amérique qu'on la connaît si mal.
Cette dernière année, je me suis efforcée de garder un bloc à la main pendant chacun de mes séjours réguliers aux États-Unis. Si je débarquais dans ce pays pour la première fois, de quelles explications aurais-je besoin ? Je m'interrogeais en conduisant, en faisant mes courses, en regardant la télévision, en écoutant les conversations. Quelles sont les notes de bas de page qui me permettraient de déchiffrer l'Amérique d'aujourd'hui ? J'ai écrit ce dictionnaire rock, historique et politique de l'Amérique tel que j'aurais aimé l'avoir dans ma poche en m'envolant pour les États-Unis.


Parmi la foison de nouveaux livres, présidentielle oblige, un subtil dictionnaire des curiosités outre-Atlantique…
D'«ABC» (American born Chinese) à «Zip Code», (comme code postal), un livre pour découvrir l'Amérique, plus utile que le Guide du routard et nettement plus drôle : l'auteure, journaliste au Figaro puis à Rue89, sait faire partager son amour ironique et sa connaissance amusée et approfondie de ce pays où elle a vécu plus de douze ans…
Tout y passe dans ces étrangetés de l'Amérique, comme «Byop», «Coop» ou «Woz», que le lecteur découvrira dans les 400 pages de ce dictionnaire qui en apprend plus sur l'Amérique que nombre de livres, documentaires et études savants. (François Sergent - Libération du 11 octobre 2012)


Guillemette Faure, "American Dream"