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Simone Veil, "Une Vie"

Posted By: TimMa
Simone Veil, "Une Vie"

Simone Veil, "Une Vie"
Publisher: Audiolib | 2008 | ISBN: 2356410201 | French | MP3 256 Kbps | Lenght: 08:10:00 | 724.9 Mb

Pour la première fois, Simone Veil accepte de se raconter. Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France comme à l?étranger. Son auto-biographie, attendue depuis longtemps, la montre telle qu?elle est : libre, véhémente - et sereine.Après un premier chapitre lu par Simone Veil, Marie-Dominique Bayle prête son talent au récit d?un destin hors du commun.
Les photos conservées de mon enfance le prouvent : nous formions une famille heureuse. Nous voici, les quatre frère et soeurs, serrés autour de Maman ; quelle tendresse entre nous ! Sur d'autres photos, nous jouons sur la plage de Nice, nous fixons l'objectif dans le jardin de notre maison de vacances à La Ciotat, nous rions aux éclats, mes soeurs et moi, lors d'un camp d'éclaireuses… On devine que les fées s'étaient penchées sur nos berceaux. Elles avaient noms harmonie et complicité. Nous avons donc reçu les meilleures armes pour affronter la vie. Au-delà des différences qui nous opposaient et des difficultés qu'il nous fallut affronter, nos parents nous offrirent en effet la chaleur d'un foyer uni et, ce qui comptait plus que tout à leurs yeux, une éducation à la fois intelligente et rigoureuse.
Plus tard, mais très vite, le destin s'est ingénié à brouiller des pistes qui semblaient si bien tracées, au point de ne rien laisser de cette joie de vivre. Chez nous comme dans tant de familles juives françaises, la mort a frappé tôt et fort. Traçant aujourd'hui ces lignes, je ne peux m'empêcher de penser avec tristesse que mon père et ma mère n'auront jamais connu la maturité de leurs enfants, la naissance de leurs petits-enfants, la douceur d'un cercle familial élargi. Face à ce que furent nos vies, ils n'auront pu mesurer la valeur de l'héritage qu'ils nous ont transmis, un héritage pourtant rare, exceptionnel.

Les années 1920 furent pour eux celles du bonheur. Ils s'étaient mariés en 1922. Mon père, André Jacob, avait alors trente-deux ans et Maman, Yvonne Steinmetz, onze de moins. À l'époque, l'éclat du jeune couple ne passe pas inaperçu. André porte l'élégance sobre et discrète à laquelle il tient, tout comme il est attaché à la créativité de son métier d'architecte, durement secoué par quatre années de captivité, peu de temps après son grand prix de Rome. D'Yvonne irradie une beauté rayonnante qui évoque pour beaucoup celle de la star de l'époque, Greta Garbo. Un an plus tard naît une première fille, Madeleine, surnommée Milou. Une nouvelle année s'écoule et Denise voit le jour, puis Jean en 1925, et moi en 1927. En moins de cinq ans, la famille Jacob s'est donc élargie de deux à six membres. Mon père est satisfait. La France a besoin de familles nombreuses, juge-t-il. Quant à Maman, elle est heureuse. Ses enfants remplissent sa vie.
Mes parents étaient tous deux nés à Paris, précisément avenue Trudaine, à deux pas l'un de l'autre, dans ce coin tranquille du neuvième arrondissement où, au début du siècle, vivaient beaucoup de familles juives qui devaient plus tard émigrer vers d'autres quartiers. Bien que cousins éloignés, ils ne se connaissaient pas. Du côté de mon père, l'arbre généalogique fait état d'une installation en France qui remonte au moins à la première moitié du XVIIIe siècle. Mes ancêtres étaient à l'époque fixés en Lorraine, à proximité de Metz, dans un village où j'ai traîné ma famille il y a quelques années. Le dernier Juif du village, un allègre centenaire, veillait à l'entretien des tombes. Il nous a montré celles de nos aïeux. L'une d'entre elles datait des années 1750. On imagine l'émotion qui nous a étreints face à ces lointaines traces de notre présence dans ce village.


Une vie.Le titre que Simone Veil a emprunté à Maupassant pour ses Mémoires est inexact : «sa» vie n'en est pas simplement «une», tant elle est exceptionnelle. Par le tragique, d'abord, avec la déportation qui détruit sa famille; c'est en rescapée que Simone Veil a traversé le reste de l'existence. Dans le politique, ensuite, qui la voit occuper en France et en Europe de hautes fonctions, toujours liées à ses engagements les plus profonds. Enfin, son parcours est rare par sa grande valeur éthique et philosophique : presque jamais Mme Veil n'a transigé, pour des raisons électorales ou partisanes, avec ses convictions - elle confie, dans Une vie, quelques regrets. Plus que d'autres, elle est donc fondée à juger sévèrement certains acteurs politiques, et ne s'en prive pas. (Christophe Barbier et Philippe Broussard - L'Express du 25 octobre 2007)

D'abord un caractère. Un fichu caractère, forgé dans l'épreuve. Un caractère libre, ardent, attaché aux valeurs morales et républicaines, inculquées très tôt par une famille dont elle vénère le souvenir. Mais aussi un esprit prompt à la rébellion, et parfois à la colère. Son autobiographie, écrite l'année de ses 80 ans et intitulée Une vie (Stock, 400 p., 22,50 euros), le démontre à chaque page, forgeant l'image d'une femme indépendante, rétive à tout embrigadement ou conformisme. Mais qui pensait encore que Simone Veil, personnage charismatique et populaire, était de nature consensuelle ?…
Sans illusion, Simone Veil. Mais avec ce sentiment, commun aux rescapés, que chaque minute de vie est "du rab", que les biens et la richesse matériels ne sont que de l'écume. Avec une sensibilité extrême à tout ce qui génère humiliations et abaissement de l'autre - elle évoque toujours avec passion son travail en faveur des prisonniers lorsqu'elle était magistrate à l'administration pénitentiaire ; avec une détestation viscérale de la promiscuité et un attachement si fort à l'indépendance qu'elle renâclera toute sa vie à s'inscrire dans un parti politique (ce sera, ponctuellement et avant que François Bayrou ne l'en "dégoûte", l'UDF), préférant un cavalier seul discret, plus conforme à son attirance pour "le politiquement incorrect"…
Débarrassée de toute fonction officielle, Simone Veil n'a jamais été aussi libre. (Annick Cojean - Le Monde du 8 novembre 2007)


Simone Veil, "Une Vie"