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François Jacob, "Le Jeu des possibles : Essai sur la diversité du vivant"

Posted By: TimMa
François Jacob, "Le Jeu des possibles : Essai sur la diversité du vivant"

François Jacob, "Le Jeu des possibles : Essai sur la diversité du vivant"
Publisher: Fayard | 1982 | ISBN: 2213010935 | French | EPUB/MOBI/PDF | 135/119 pages | 0.1/0.2/0.6 Mb

La biologie moderne fait renaître de vieux cauchemars. Elle a un parfum de savoir défendu. Elle réveille de vieux mythes. Elle dérange. Particulièrement scandaleuse apparaît la preuve qu'on peut facilement jouer avec la substance qui est à la base de toute vie sur cette planète. Spécialement impardonnable l idée qu il faut bien considérer l évènement le plus extraordinaire de ce monde, la formation d un être humain à partir d un oeuf, comme le résultat d un bricolage cosmique. Plus un domaine scientifique touche aux affaires humaines, plus il risque de se trouver en conflit avec les traditions et les croyances. La diversité des individus qu engendre la reproduction sexuelle est rarement prise pour ce qu elle est: l un des principaux moteurs de l évolution, un phénomène naturel sans lequel nous ne serions pas là. Par une singulière équivoque, on cherche à confondre identité, concept biologique, et égalité, concept social. Comme si l égalité n avait pas été inventée précisément parce que les êtres humains ne sont pas identiques. Chef de service à l Institut Pasteur, François Jacob est professeur de génétique cellulaire au Collège de France. Ses travaux lui ont valu, avec André Lwoff et Jacques Monod, le prix Nobel de Médecine en 1965. Il est l auteur de La logique du vivant.
François Jacob a été l'un des principaux acteurs de ce qui fut, dans les années 60, le triomphe de la biologie moléculaire. Ce triomphe s'inscrit dans la grande lignée des découvertes qui ont bouleversé à jamais notre vision du monde. Mais les progrés immenses qu'ont permis les découvertes ont été payés d'un certain prix, celui d'un "désenchantement du monde" ; comme le reconnaît François Jacob : "Le scientifique tente de se soustraire lui-même du monde qu'il essaie de comprendre…
Ce prétendu "monde objectif" devient ainsi dépourvu d'esprit et d'âme, de joie et de tristesse, de désir et d'espoir… Cette attitude sous-tend tout le réseau de connaissance développé depuis la Renaissance par la science occidentale". Il est particulièrement intéressant de voir que juste après il ajoute : "C'est seulement avec l'avènement de la microphysique que la frontière entre observateur et observé s'est quelque peu estompée.", car la science a connu au cours du XXe siècle de profonds bouleversements conceptuels qui ont pris le contre-pied de l'attitude décrite par Jacob. Mais achevés dans les sciences de la matière, ces bouleversements commencent juste dans les sciences de la vie, et cet ouvrage dont le but est de parachever une vision aujourd'hui classique ne peut en tenir compte.

Ainsi en est-il de l'argument central de l'ouvrage. Le fait que l'évolution soit un bricolage et ne corresponde nullement à l'oeuvre que l'on serait en droit d'attendre d'un ingénieur est trés bien décrit par Jacob. Mais peut-on pour autant en déduire que l'évolution est livrée à la seule contingence des mutations du hasard triées par la sélection naturelle ? Oui, si l'on a en tête la vision naïve et antropomorphique d'un Dieu "Grand Ingénieur", celle contre laquelle se battait déjà Darwin. On pourrait appliquer ici la réponse de Bohr à la phrase d'Einstein que ce dernier croyait définitive ("Dieu ne joue pas aux dés") : "Albert, ce n'est pas à toi de dire à Dieu ce qu'il doit faire".

Depuis dix ans, un certain nombre de travaux comme ceux de Michaël Denton ("L'évolution a-t-elle un sens", Fayard) ou Anne Dambricourt Malassé (La Recherche, avril 1996) ont montré que, sans aller jusqu'à parler "d'intention", on pourrait distinguer dans l'évolution des processus qui se poursuivent parfois sur des dizaines de millions d'années et qui vont toujours dans le même sens, quelles que soient les perturbations dues aux changements de l'environnement. Dans le grand débat entre sélection et instruction sur lequel Jacob revient à plusieurs reprises, la sélection l'emporte facilement étant donné que les hypothèses concurrentes qu'il envisage datent déjà du siècle dernier. Mais si l'existence de la sélection naturelle n'est plus contestée par personne, c'est sa puissance autour de laquelle on discute désormais.

De plus en plus d'auteurs sont désormais persuadés que l'extraordinaire complexité des mécanismes de base du vivant (chaque jour nous en dévoile de nouveaux dans le domaine de la biologie moléculaire) est hors de portée d'un processus reposant uniquement sur le principe des "essais et erreurs". "Le jeu des possibles" n'en reste pas moins un ouvrage fondamental car la maîtrise des concepts qu'il expose est nécessaire à toute personne qui voudrait se plonger plus en avant dans l'image que la science peut nous donner de l'évolution.

Le fait que cette image ait déjà évolué par rapport à cet ouvrage publié en 1981 montrera à celui qui découvre ce domaine que les bouleversements dont nous parlions sont bien en train de se produire dans ce domaine après avoir été initiés dans les sciences de la matière. Pour le manager, ils peuvent lui donner la clé de compréhension suivante : pendant longtemps on a cru que notre monde était "dans la main de Dieu" et que tous les événements que l'homme pouvait observer n'avaient pas ou peu d'explication rationnelle. Puis on a compris qu'ils étaient tous explicables rationnellement.

On en a déduit une vision déterministe et réductionniste du monde où aucun autre niveau de réalité ne peut exister, où le réel où nous vivons est "ontologiquement suffisant". Une telle vision a donné le taylorisme et une grande partie du management du XXe siècle. S'il n'existe que des particules et des forces d'interaction (c'est la vision classique en physique) alors l'entreprise doit s'organiser selon le même shéma. Si toute la créativité de la nature provient de la sélection naturelle, de la "loi du plus fort" l'on envisagera l'activité économique de la même façon.

L'existence d'une troisième phase où, sans nier la deuxième, on apprend à la relativiser, est capitale car elle nous montre que la coopération peut parfois l'emporter sur la confrontation, qu'un ordre caché peut exister derrière le chaos apparent des phénomènes, et que le "décideur" sera celui qui saura faire cohabiter autour de lui des processus de décisions classiques et l'émergence de démarches d'auto-organisation. – Jean Staune – – Business Digest

Les sciences jouent le même rôle que les mythes.
Tous deux cherchent à donner une interprétation cohérente du monde. Tous deux présentent des hypothèses pour expliquer comment et pourquoi le monde est apparu et comment il fonctionne. Mais seules les sciences cherchent une description objective et confrontent leurs suppositions au réel.
La théorie de l'évolution est un cadre d'analyse puissant pour expliquer le développement de la vie.
Ce dernier s'est effectué grâce à la sélection naturelle qui choisit parmi une somme de combinaisons possibles celles qui sont compatibles avec le milieu et favorisent l'adaptation des organismes. Il s'agit donc d'une sorte de "bricolage" : transformer l'existant pour élaborer du nouveau.
En dépit de sa précision, la biologie reste une science limitée.
Le rôle fondamental que jouent le temps et l'histoire en biologie la condamnent à ne pouvoir bâtir que des scénarii probables mais jamais définitifs. Par ailleurs, parce qu'elle touche de près à l'homme, elle a souvent été détournée à des fins idéologiques. Un détournement qui dépasse ses limites de science et lui prête une morale qu'elle n'a pas. – Idées clés, par Business Digest


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